Les autorités américaines ont renouvelé leur feu vert au dicamba, un pesticide populaire, mais controversé pour sa tendance à tuer les cultures dans les champs des voisins, en y ajoutant des restrictions, selon un communiqué de l'Agence de protection de l'environnement (EPA).

Cet herbicide à large spectre comme le glyphosate existe depuis longtemps. Mais son utilisation s'est intensifiée depuis que Monsanto, la firme américaine récemment rachetée par Bayer, commercialise des semences de soja et de coton génétiquement modifiées pour y résister.

A la suite d'un large processus de consultation et alors que la précédente autorisation arrivait à expiration dans quelques jours, l'EPA a décidé d'autoriser pour deux années supplémentaires l'utilisation de ce produit chimique sur les plantes déjà sorties de terre. A temps pour les agriculteurs de passer leurs commandes de semences et pesticides pour la récolte de l'an prochain.  

Cette décision est importante, selon le ministre américain de l'Agriculture Sonny Perdue, car elle permet « d'offrir des options aux agriculteurs ».  

L'utilisation du dicamba sur des semences génétiquement modifiées pour y résister est en effet une aubaine pour certains exploitants au moment où les mauvaises herbes deviennent de plus en plus résistantes à d'autres désherbants.

Mais le dicamba, commercialisé par Bayer, BASF et DowDuPont, a tendance à se disperser facilement et à tuer les plantes qui ne sont pas adaptées, suscitant depuis l'arrivée de nouvelles formulations sur le marché il y a deux ans les vives critiques de certains agriculteurs, agronomes et défenseurs de la biodiversité.

Pour éviter le plus possible les contaminations involontaires, l'EPA a durci les conditions d'utilisation du dicamba, interdisant notamment son épandage plus de 45 jours après les semis de soja et 60 jours après les semis de coton.  

Le pesticide ne pourra par ailleurs être appliqué que par des personnes certifiées. Et ces dernières devront attendre une heure après le lever du soleil et s'arrêter deux heures avant son coucher pour l'épandre.

Bayer s'est félicité du feu vert de l'EPA, qui « permet de continuer à offrir aux agriculteurs un outil dont ils ont fortement besoin pour contrôler les mauvaises herbes », a commenté Ryan Rubischko, responsable du portefeuille de produits lié au dicamba pour le groupe.  

Le géant de la pharmacie et de l'agrochimie mise beaucoup sur ce produit, ses semences résistantes au dicamba ayant déjà été utilisées cet été sur près de la moitié des champs de soja aux États-Unis.