Les débris de plastique coincés dans les récifs coralliens augmentent considérablement le risque de maladies, selon une nouvelle étude américaine. Seulement dans l'ouest du Pacifique, près de l'Asie et de l'Australie, 11,1 milliards de morceaux de plastique contamineraient les coraux.

« Le plastique forme un milieu propice à la multiplication de pathogènes dangereux pour les coraux », explique Courtney Couch, de l'Université d'Hawaii, coauteure de l'étude publiée hier dans la revue Science.

« La montée en flèche de la contamination par le plastique, avec l'enrichissement des pays pauvres et émergents, va amplifier le stress que vivent déjà les récifs coralliens avec le réchauffement et l'acidification des mers, ainsi que les changements climatiques », écrit Courtney Couch, coauteure de l'étude.

Depuis 2012, l'équipe américaine a examiné visuellement, en plongée sous-marine, 125 000 coraux répartis sur 159 récifs dans le sud-ouest du Pacifique, entre la Thaïlande et l'Australie. Ils ont ensuite extrapolé leurs résultats à l'ensemble de l'ouest du Pacifique.

« Les récifs complexes, ceux qui ressemblent à des arbres avec de nombreux embranchements, sont les plus susceptibles d'avoir du plastique coincé entre deux coraux », dit Mme Couch, qui a travaillé deux étés en Indonésie à ce projet, dans le cadre de son doctorat en biologie. « Les récifs plats ont moins d'aspérités où peuvent se coincer les morceaux de plastique. Mais peut-être à cause de leur exposition accrue aux plastiques et aux bactéries qui les colonisent, les récifs complexes ont un moindre risque d'augmentation des maladies du corail en présence de plastique. Quand un débris reste coincé sur un récif de corail plat, le risque de maladie double. »

Un autre type de récif de corail, qui ressemble à une table posée sur un gros pilier central, est aussi très vulnérable aux maladies propagées ou créées par les morceaux de plastique. L'une de ces maladies est un type de blanchiment causé par une bactérie du genre Vibrio.

Le problème du plastique sur les récifs de corail est-il aussi important dans l'est du Pacifique, le long des côtes sud- et nord-américaines et dans les Caraïbes ? « C'est la prochaine étape, voir si on peut extrapoler ces chiffres à d'autres régions, dit Mme Couch, qui se spécialise dans les maladies du corail. De manière générale, le problème du plastique dans les océans est moins grand près des pays riches, parce que le plastique a tendance à s'accrocher aux fonds marins ou aux récifs coralliens près de l'endroit où il est entré dans la mer et que les systèmes de recyclage et de gestion des déchets des pays riches sont plus efficaces. On s'attend à ce que la quantité de plastique libérée dans l'océan par l'Australie augmente de 1 % par année, mais qu'elle double dans le cas de la Birmanie. »

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EN CHIFFRES

40 % Augmentation du nombre de morceaux de plastique coincés dans des récifs coralliens de l'ouest du Pacifique d'ici 2025

24 %  Augmentation du risque de maladie du squelette dans les récifs coralliens où sont coincés des morceaux de plastique

17 % Augmentation du risque de maladie du blanchiment dans les récifs coralliens où sont coincés des morceaux de plastique

5 % Augmentation du risque de maladie du noircissement dans les récifs coralliens où sont coincés des morceaux de plastique

Source : Science

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L'IMPACT DU PLASTIQUE

BLESSURES: Les morceaux de plastique causent des blessures sur le corail, où s'infiltre un microbe responsable d'une maladie du squelette du corail.

OMBRE: Une grande quantité de morceaux de plastique en surface peut diminuer la lumière à laquelle est exposé le corail, ce qui peut entraîner la formation de milieux pauvres en oxygène propices à l'apparition d'une bactérie responsable du noircissement des coraux.

MIGRATION: Le plastique peut propager des bactéries toxiques pour les coraux, comme un groupe de pathogènes appelé Rhodobacterales, souvent présents sur les morceaux de PVC.

SYMBIOSE: Le plastique peut endommager les bactéries symbiotiques qui se nourrissent des résidus et effluents du corail, qu'elles protègent contre les bactéries nocives.