Le ministre indien de l'Environnement a relativisé mardi les effroyables niveaux de pollution dans le nord du pays, dressant une comparaison douteuse avec la catastrophe de Bhopal, l'un des pires accidents industriels du monde.

Les autorités indiennes sont critiquées pour ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour lutter contre le pic actuel de pollution atmosphérique, malgré son caractère prévisible et sa récurrence chaque année à New Delhi. Le premier ministre Narendra Modi est silencieux sur le sujet.

Au cours d'un entretien diffusé mardi par la chaîne CNN-News18, Harsh Vardhan a estimé que le brouillard toxique, dans lequel suffoquent la capitale New Delhi et les régions voisines depuis une semaine, n'était pas une vraie «urgence» comme la qualifient des médecins.

La fuite chimique de Bhopal (centre de l'Inde) en 1984, qui aurait fait au total près de 25 000 morts, «voilà ce qu'on appelle une situation d'urgence où vous devez paniquer», a déclaré M. Vardhan.

À propos de l'épisode de pollution, qui atteint des concentrations dangereuses pour la santé publique, «je ne dis pas que nous devrions rien faire», a-t-il ajouté, «mais il n'y a nul besoin de répandre la panique». Il a appelé les habitants à simplement prendre «les précautions d'usage».

À 11h00 locales mardi (00h30 HE), la concentration de particules fines enregistrée par l'ambassade américaine en Inde était de 381 microgrammes par mètre cube d'air. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser un taux de 25 en moyenne journalière.

La pollution est un problème de santé publique majeur pour l'Inde, nation de 1,25 milliard d'habitants en plein développement et aux besoins de croissance immenses.

En 2015, la contamination atmosphérique, terrestre et aquatique était présumée responsable de 2,5 millions de décès dans ce pays, plus lourd bilan humain de la planète, a estimé une récente étude publiée dans la revue The Lancet.