L'exploitation de l'uranium peut nuire à la santé humaine et à la qualité de l'environnement, selon une coalition d'organismes qui exhorte Québec à décréter un moratoire complet sur ce type d'activité minière.

La coalition «Québec et Plan Nord sans uranium» a alerté les médias, lundi, dans le but que le plus de gens possible se joignent à elle afin d'exprimer leurs inquiétudes dans le cadre de la consultation menée présentement par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

En mars dernier, le BAPE a reçu le mandat du précédent gouvernement de se pencher sur le sujet pour documenter l'état des connaissances quant aux impacts de l'exploitation éventuelle de gisements d'uranium sur la santé de la population et l'environnement.

Les personnes intéressées ont jusqu'au 30 octobre pour se manifester et le BAPE a jusqu'à mai 2015 pour produire son rapport au gouvernement, qui devra par la suite décider s'il donne le feu vert à ce type de développement minier, malgré la controverse qu'il suscite.

«Ce qu'on espère, c'est que le BAPE reconnaisse, et il va sûrement le reconnaître, tous les risques et dangers de cette filière-là, notamment au niveau de la gestion des déchets miniers toxiques et radioactifs», a fait valoir Ugo Lapointe, porte-parole de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine, en conférence de presse.

«Le principe de précaution s'impose» dans un cas comme celui-ci, selon lui.

Avec en mains deux études récentes de la Santé publique du Québec, les membres de la coalition justifient leur position en insistant sur le fait que les déchets miniers sont toxiques pour longtemps dans l'environnement et demeurent radioactifs possiblement pendant des millénaires.

Dans une étude parue au printemps dernier, l'Institut national de la santé publique (INSP) a ainsi confirmé l'augmentation du taux de cancers du poumon chez les travailleurs miniers, de même qu'une hausse du nombre de leucémies et de malformations génétiques chez les populations environnantes, à partir d'une recension des quelques études existantes sur les mines d'uranium. L'institut note cependant qu'il existe peu d'études fiables sur le sujet.

Le Dr Éric Notebaert, de l'Association canadienne des médecins pour l'environnement, a renchéri pour dire que «cet uranium-là est de pauvre qualité. Il va générer des montagnes de résidus énormes et va être extrêmement toxique pour l'environnement pendant des milliers et des milliers d'années. C'est vraiment totalement irresponsable de s'embarquer dans des choses comme ça.»

Dans ce contexte, le Plan Nord du gouvernement Couillard les inquiète au plus haut point. Car la volonté affichée par Québec de développer le nord du territoire, notamment à travers l'exploitation minière, ne doit pas se faire au détriment des populations locales, ont fait valoir les porte-parole de la coalition.

Un projet d'exploitation d'une mine d'uranium au nord de Chibougamau, soit le projet Matoush piloté par l'entreprise Strateco dans les monts Otish, est présentement sur la glace.

L'an dernier, Strateco s'est adressée aux tribunaux pour forcer la main au gouvernement, malgré l'opposition farouche des Cris de Mistissini, qui craignent de voir leur mode de vie menacé par l'uranium.

Ces derniers font valoir que si le gouvernement respecte le concept d'acceptabilité sociale, il ne peut aller de l'avant avec ce projet.

La coalition, qui compte entreprendre une série d'activités de mobilisation de l'opinion publique cet automne, est formée de personnes et d'organismes de divers horizons, dont l'Association canadienne des médecins pour l'environnement, la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine, la nation Crie de Mistissini, Nature Québec et Sept-Îles sans uranium.