La compagnie gérante de la centrale accidentée de Fukushima au Japon a indiqué lundi avoir commencé comme prévu le retrait du combustible de la piscine du réacteur 4, une opération très délicate qui prendra au total plus d'un an, si tout va bien.

«Nous avons commencé à manipuler les instruments pour lever un premier assemblage de combustible à 15 h 18 (1 h 18, heure de Montréal) et ce dernier a été transféré dans le caisson de transport à 15 h 57», a expliqué Tokyo Electric Power (TEPCO) au cours d'une conférence de presse.

Un caisson cylindrique de 5,5 m de haut et 2,1 m de diamètre avait été inséré dans la piscine quelques heures avant que ne commence le levage d'un premier assemblage avec un nouvel appareillage télécommandé spécialement mis en place.

Les techniciens vont transférer un à un les assemblages dans ce récipient géant, le tout sans que le combustible ne sorte de l'eau.

Pour ce début, TEPCO prévoit de répartir sur deux jours le retrait de 22 premiers assemblages (contenance maximum d'un caisson). Quatre assemblages ont été mis dans le caisson au cours de la journée de lundi et aucun incident n'a été signalé par TEPCO.

«Le caisson (d'une masse totale de 91 tonnes, une fois plein) ne sera fermé et retiré de la piscine que mardi. Nous avons choisi de débuter de façon assez lente par sécurité», a précisé le porte-parole. TEPCO a en outre choisi de retirer d'abord 22 des 202 assemblages neufs sur le total de 1533 que contient la piscine, ce qui est bien moins risqué que le combustible usé.

Le combustible extrait de la piscine 4 sera ultérieurement placé dans une autre piscine, dite «commune», plus sûre, distante d'une centaine de mètres. L'ensemble des opérations prendra une semaine pour ces 22 premiers assemblages.

«Une fois cette première opération achevée, TEPCO fera une pause pour analyser le déroulement des tâches et étudier s'il existe des améliorations à apporter avant de reprendre (ces travaux) à une date indéterminée», a précisé un porte-parole.

Le patron de TEPCO, Naomi Hirose, avait précisé en début de semaine dernière que «la sécurité était la priorité».

«Nous espérons que le retrait sera réalisé comme prévu en toute sûreté afin de ne pas causer de soucis supplémentaires aux habitants de la région», a déclaré le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors d'un point de presse.

L'extraction du combustible de la piscine 4 est d'autant plus délicate que ce bassin est situé en hauteur dans le bâtiment du réacteur 4, à moitié détruit par une explosion d'hydrogène quelques jours après la dévastation de la centrale Fukushima Daiichi par le tsunami du 11 mars 2011.

TEPCO a depuis bâti une nouvelle couverture, installé un dispositif neuf de retrait du combustible, et procédé à la récupération des détritus tombés dans le bassin, au-dessus des assemblages qu'il contient.

Cependant, la difficulté se trouve dans la présence de petits débris coincés au milieu des assemblages de combustible, préviennent les experts.

Des erreurs de manipulation pourraient avoir de graves conséquences

Des répétitions ont eu lieu et les équipes sont désormais jugées bien formées par TEPCO et l'expert nucléaire américain, Lake Barrett, invité à suivre les préparatifs.

Toutefois, d'autres spécialistes japonais et étrangers sont sceptiques et préviennent que d'éventuelles erreurs de manipulation pourraient avoir des conséquences graves, comme le rejet soudain d'une importante quantité de substances radioactives qui pourrait forcer à éloigner les travailleurs et perturber le calendrier des travaux dans leur ensemble.

C'est la première fois qu'une telle opération est réalisée dans un environnement accidenté où les techniciens doivent oeuvrer en combinaisons de protection et porter des masques intégraux pour se protéger de la radioactivité.

Il s'agit en outre de la plus délicate opération depuis la stabilisation du site en décembre 2011. «Ce retrait ouvre un nouveau chapitre important dans notre tâche de démantèlement», qui doit durer 40 ans, a commenté le PDG Hirose dans un message vidéo.