Une épaisse couche de pollution a paralysé lundi une métropole du nord-est de la Chine, réduisant la visibilité à quelques mètres - un phénomène qui rappelait les pics de pollution atteints plus tôt cette année dans le pays.

Un brouillard de couleur brun foncé s'est abattu sur les rues de Harbin (province du Heilongjiang), résumant à des silhouettes indistinctes les bâtiments environnants, la circulation automobile et les feux de signalisation, selon des images diffusées par la télévision d'État CCTV.

Les écoles primaires ont annulé leurs classes, les bus publics ont cessé de circuler et les autocars longue distance ont interrompu leur service.

L'aéroport local a été fermé - tout comme les autoroutes, même si des collisions entre plusieurs véhicules y étaient encore recensées.

Des automobilistes ayant brûlé des feux rouges parce qu'ils ne pouvaient pas distinguer clairement la couleur du feu «ne seront pas sanctionnés», a indiqué un cadre local chargé de la circulation, Xue Yuqing, cité par l'agence Chine nouvelle.

Selon lui, la visibilité dans les artères du centre-ville était inférieure à 50 mètres.

«Quelle situation effroyable! C'est apocalyptique», a réagi un usager du site de microblogues Weibo sur lequel la pollution à Harbin - ville renommée pour son festival annuel de sculptures sur glace - était l'un des sujets les plus commentés.

«Ce qu'on voit aujourd'hui à Harbin, ce n'est pas de la simple pollution, c'est tout simplement un film d'horreur», a renchéri un internaute. Un autre raillait l'incapacité des autorités à endiguer le phénomène : «Merci de servir le peuple... avec du brouillard».

Selon les données de stations de contrôle de l'air au centre de Harbin, les concentrations en particules fines, les PM2,5 - jugées particulièrement nocives pour la santé -, ont atteint 1000 microgrammes par m3, quarante fois le seuil recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Elles ont commencé à diminuer d'intensité en début de soirée, mais l'indice de la qualité de l'air, une mesure distincte, restait établi à 500 (théoriquement, le niveau maximal de pollution mesuré par l'échelle chinoise) et était décrit comme «hors échelle» par les autorités.

Le brouillard sur Harbin, une métropole de plus de 10 millions d'habitants, s'est formé alors que la ville redémarre son système public de chauffage à l'approche de l'hiver, particulièrement rude dans la région, a précisé le quotidien Beijing Times.

Une alerte rouge (niveau maximal) pour «épais brouillard et smog» a été déclarée pour l'ensemble de la province du Heilongjiang, frontalière de la Russie, et les provinces voisines du Jilin et du Liaoning.

Selon les services météorologiques locaux, cités par les médias officiels, le brouillard devrait s'aggraver «dans les prochaines 24 heures».

Essentiellement alimentée par les émissions des centrales à charbon, la pollution de l'air a atteint des niveaux record ces dernières années dans les principales villes chinoises.

Un épais brouillard extrêmement chargé en particules nocives avait enveloppé Pékin et le nord et l'est de la Chine en janvier dernier. Ces pics historiques avaient suscité la colère des citadins et provoqué un afflux dans les hôpitaux de patients en détresse respiratoire et une ruée sur les masques filtrants.

Le gouvernement avait annoncé en juin qu'il rendrait désormais les cadres locaux responsables de l'amélioration de la qualité de l'air dans leurs villes.

La municipalité de Pékin a, elle, annoncé jeudi dernier son intention d'instaurer un système de circulation automobile alternée les jours où la qualité de l'air est particulièrement dégradée.

La pollution de l'air a contribué au décès prématuré de 1,2 million de personnes en Chine en 2010, avait estimé l'organisation Health Effects Institute, dans une étude parue en mars dernier.

Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), agence spécialiste de l'OMS, a, par ailleurs, annoncé la semaine dernière qu'elle avait classifié la pollution de l'air extérieur comme cancérigène.