Acheminer du pétrole albertain vers le Québec, tel que souhaitent le faire les sociétés Enbridge et TransCanada, présente un large éventail de risques environnementaux et sanitaires. Ceux-ci ont été consignés dans un volumineux rapport publié lundi par l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) et Greenpeace.

Le premier de ces risques concernerait les émissions de gaz à effet de serre (GES), considérablement accrues. «Si on change la nature du pétrole actuellement raffiné au Québec, plus léger, par du pétrole bitumineux, on augmente l'empreinte globale de 14% à 20%», prévient Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace et co-directeur de recherche du rapport.

L'étude, scientifiquement validée, met l'accent sur la pollution générée par les raffineries qui traiteraient un pétrole plus lourd, ce qui produirait jusqu'à trois fois plus de GES. On craint également une contamination de l'air par davantage de polluants atmosphériques, comme les oxydes de soufre, d'azote, le monoxyde de carbone et le benzène.

Second risque, celui d'éventuels déversements qui auraient des conséquences beaucoup plus graves, non seulement sur les cours d'eau et les nappes phréatiques, mais également sur la qualité de l'air. «En cas de déversement en milieu habité, c'est à un cocktail atmosphérique complexe de produits toxiques auquel les résidents sont exposés», peut-on lire dans le rapport. En outre, le transport de pétrole bitumineux accroîtrait le risque de fuites ou de déversements.

Coke en stock

Enfin, une production plus élevée de coke de pétrole, un résidu du raffinage, serait à craindre. La combustion de ces éléments issus du pétrole albertain provoquerait entre autres des émissions plus importantes de dioxyde de soufre, lesquelles jouent un rôle dans l'apparition de smog et de pluies acides. Les auteurs du rapport craignent l'apparition de vastes fours à coke de pétrole, que ce soit à Montréal ou en Gaspésie, où un projet de cimenterie est actuellement à l'étude à Port Daniel. Or le Québec est déjà un des plus importants lieux de combustion de ces résidus.

Le document a été transmis au ministère de l'Environnement et à celui des Ressources naturelles. «Le gouvernement semble se diriger vers une vision très restreinte de l'évaluation environnementale du projet, où il ne verrait que le tuyau, a avancé Patrick Bonin. Il faut absolument que les impacts du raffinage d'un pétrole plus lourd soient pris en compte dans l'évaluation qui sera faite.»