Le gouvernement nippon a annoncé mardi un plan d'urgence pour stopper avec un «mur de glace» les fuites radioactives en mer et décontaminer l'eau stockée à la centrale de Fukushima, afin de rassurer le monde inquiet.

«Ne pas laisser tout aux mains de la compagnie TEPCO», «affronter en bloc la situation», «prendre des dispositions radicales» : les ministres n'avaient pas assez de mots pour affirmer que le gouvernement avait enfin pris la mesure de la situation catastrophique dans le complexe atomique ravagé par le tsunami du 11 mars 2011.

Se disant prêt à agir vite, le gouvernement veut résoudre le problème d'eau radioactive qui a envahi le site et que ne parvient pas à régler seule la compagnie exploitante, Tokyo Electric Power (TEPCO).

«Nous avons évalué à 47 milliards de yens ( 501 millions de dollars) le montant requis», a expliqué lors d'un point de presse le porte-parole du gouvernement, Yoshihige Suga.

«Nous voulons prendre des mesures fortes pour résoudre de façon radicale les ennuis à Fukushima», a insisté M. Suga.

«On ne confiera pas le soin de tout régler à TEPCO», a renchéri le ministre de la Revitalisation économique, Akira Amari.

Les nouvelles dispositions ont été entérinées lors d'une réunion de la cellule de crise sur l'accident de Fukushima, présidée par le premier ministre de droite Shinzo Abe.

«Le monde entier se demande si le Japon parviendra ou non à démanteler la centrale Fukushima Daiichi. Le gouvernement va faire bloc pour affronter cette situation», a déclaré le chef du gouvernement, pro-nucléaire.

Plusieurs ministères et des experts extérieurs vont travailler ensemble sur les dispositions à prendre pour en finir avec la série de pépins qui risquent de retarder les opérations d'assainissement des lieux, tâche titanesque de près de 40 ans, si tout va bien.

Des fonctionnaires devraient être nouvellement dépêchés près du site pour coordonner et veiller au grain.

Depuis des semaines, il ne se passe pas un jour sans que TEPCO n'annonce une fuite, un soupçon de fuite ou un risque de fuite. De l'eau coule de partout (des sous-sols, des réservoirs, des fossés, des conduites, etc.) et rien ne permet encore d'arrêter son ruissellement en mer.

Fukushima Daiichi regorge de quelque 400 000 tonnes d'eau pleine de césium, strontium, tritium et autres substances radioactives, enfouie dans le sous-sol ou stockée dans un millier de réservoirs spéciaux montés à la hâte.

Ce volume augmente chaque jour de 400 tonnes, en raison de la nécessité de continuer à refroidir les réacteurs, et 300 tonnes filent chaque jour dans l'océan Pacifique voisin.

«La rapidité d'action est essentielle face à un problème qui concerne la sécurité des citoyens. Le gouvernement doit être en première ligne. Quant à savoir sur quel budget ce sera imputé, on verra plus tard», a ajouté M. Amari.

Les deux tiers de l'argent public nouvellement investi devraient servir à créer un «mur de glace» en sous-sol afin d'isoler les eaux contaminées sous la centrale des nappes souterraines. Il s'agira de faire passer dans des tuyaux verticaux une substance réfrigérante pour geler le sol alentour. La réalisation de cette muraille prendra néanmoins deux ans.

Le reste sera alloué à la mise en place de moyens supplémentaires de décontamination de l'eau stockée dans des réservoirs dont la fiabilité est douteuse.

Récemment, l'un d'eux a perdu 300 tonnes de liquide hautement radioactif, dont une partie a rejoint l'océan, un incident qualifié de «grave» par l'autorité indépendante de régulation.

Lundi, le président de cette autorité, Shunichi Tanaka, avait prévenu qu'à un moment donné, il faudrait rejeter en mer l'eau accumulée, une fois purifiée jusqu'à un certain point «admissible par la communauté internationale».

Tokyo redoute que ces nombreux soucis rejaillissent négativement sur sa candidature aux Jeux olympiques de 2020 dont la ville d'accueil sera désignée samedi.