Une filiale du plus grand éleveur de saumon au Canada a plaidé coupable hier à des accusations d'avoir usé illégalement de pesticides dans la baie de Fundy.

L'entreprise Kelly Cove a été condamnée à payer 100 000$ d'amende et devra verser 400 000$ à différents fonds environnementaux, en vertu d'une entente avec la poursuite entérinée par la Cour provinciale du Nouveau-Brunswick.

Kelly Cove est une des filiales du géant Cooke Aquaculture, qui détient 80% du marché dans l'est du Canada et vend chaque année 50 000 tonnes de saumon, sous les marques True North et Heritage Salmon.

La condamnation en vertu de la Loi sur les pêches survient après une enquête d'Environnement Canada, déclenchée après la mort de centaines de homards dans le voisinage de fermes d'élevage de saumon en 2009.

Dans l'énoncé conjoint des faits signé par la poursuite et Kelly Cove, il est reconnu que l'entreprise a acheté «72 contenants de 8 pintes de cyperméthrine», un pesticide dont l'usage est interdit en mer au Canada, mais permis aux États-Unis. Ce pesticide a été utilisé dans 15 fermes d'élevage différentes dans la baie de Fundy.

L'entreprise luttait contre une infestation de poux de mer, un parasite du saumon.

«La cyperméthrine est un pesticide agricole dont l'utilisation n'est pas autorisée dans les milieux marins en raison de sa toxicité prouvée pour les crustacés, notamment le homard et la crevette, note Environnement Canada dans un communiqué. Cooke a utilisé le pesticide... en sachant que cette utilisation était illégale.»

Curieusement, en dépit de ce qui est mentionné dans l'énoncé conjoint et de sa reconnaissance de culpabilité, Cooke Aquaculture continue de clamer son innocence.

«Nous avons pris la décision difficile de ne pas contester ces accusations même si nous remettons en doute les allégations», affirme dans un communiqué émis le jour même de la condamnation Glenn Cooke, président et chef de la direction de Cooke Aquaculture.

Ce dernier ainsi que deux autres dirigeants, Mike Szemerda et Randall Griffin, étaient également accusés personnellement dans cette affaire, mais cette poursuite a finalement été retirée.

«Un grand jour»

«C'est un grand jour aujourd'hui, affirme Matthew Abbott, de l'organisme Fundy Baykeeper. Ça fait plusieurs années qu'on le dit et on voit que c'est vrai qu'il y a un problème avec l'usage des pesticides, mais on ne savait pas qu'il était si étendu. On voit qu'ils reconnaissent l'avoir utilisé dans 15 endroits différents.»

«Les pratiques d'aquaculture n'ont pas vraiment changé ces trois dernières années et l'industrie continue de vouloir utiliser des pesticides, ajoute M. Abbott. Même leur utilisation légale est inquiétante.»