Trois villes importantes, Lachute, Mirabel et Saint-Jérôme, sont responsables de centaines de déversements d'eau usée non traitée dans la rivière du Nord, selon une compilation des données gouvernementales faite par la Fondation Rivières.

Ces déversements se produisent en temps de pluie, ce qui est permis dans certains cas, mais leur fréquence dans ces trois villes suscite l'inquiétude.

De plus, note la Fondation Rivières, des déversements se produisent entre autres dans des ouvrages jugés non conformes par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP).

Saint-Jérôme a déclaré en moyenne 280 déversements entre 2008 et 2011. Mirabel a connu entre 17 et 131 déversements ces mêmes années.

Lachute

«La situation est plus critique à Lachute où on constate entre 451 et 496 débordements chaque année comprenant d'un à deux points de déversement non conformes aux exigences, affirme la Fondation Rivières. Le réseau comporte au total 20 points de surverse parmi lesquels 12 ont connu entre 20 et 75 débordements en 2011.»

Aucune des trois villes n'a rappelé La Presse hier. De son côté, le MDDEP, joint par La Presse, n'était pas en mesure de commenter la situation.

«En plus d'être nauséabondes et potentiellement causes de mortalité, les eaux usées touchent l'habitat du poisson, empêchent la baignade et modifient à long terme les écosystèmes», affirme la Fondation.

La situation de la rivière du Nord marque l'entrée de l'ingénieur Guy Drouin au sein de la Fondation Rivières à titre de sentinelle de la rivière du Nord.

M. Drouin s'est fait connaître pour avoir poursuivi avec succès la Ville de Sainte-Agathe, qui déversait elle aussi continuellement de l'eau usée non traitée dans la rivière du Nord. La Ville est en train de corriger la situation.

Faible débit

«En général, c'est le même problème qu'à Sainte-Agathe: on mélange les égouts pluviaux et les égouts sanitaires, dit M. Drouin. La rivière du Nord est à faible débit, il peut être de seulement 2 mètres cubes par seconde, alors qu'au printemps, c'est plus de 100. Lorsqu'il y a déversement, spécialement au mois d'août ou de septembre, il n'y a pas possibilité de diluer.»

«Il faut faire des remises à niveau, comme à Sainte-Agathe, où on a prévu des bassins de rétention et des réseaux séparés pour le pluvial», dit-il.

L'encadrement légal est peut-être à resserrer aussi, dit-il. «Les déversements sont permis quand il y a une pluie avec ruissellement. Mais est-ce normal que ça dure pendant trois jours? Il y a un examen plus approfondi à faire, aussi quant à la capacité des rivières à recevoir des déversements, compte tenu de leur débit.»