Greenpeace a lancé jeudi, en marge du sommet du développement durable Rio+20, une campagne impliquant des acteurs, cinéastes, stars du rock et hommes d'affaires, visant à faire de l'Arctique un sanctuaire vierge de forages pétroliers et de pêche industrielle.

Selon Greenpeace, cette campagne, une de ses plus ambitieuses, implique «cent personnalités du monde entier» dont les noms sont inscrits sur un «rouleau arctique». L'objectif : atteindre «au moins un million de noms», ce qui, selon Kumi Naidoo, directeur général de Greenpeace international, ne devrait pas prendre plus que quelques mois.

Greenpeace ira alors déposer le rouleau sur les fonds marins du Pôle Nord, à 4 km sous les glaces. Un «drapeau pour l'avenir», réalisé par des jeunes, marquera l'endroit où le rouleau aura été déposé.

N'importe qui peut ajouter son nom sur le rouleau (www.SaveTheArctic.org).

Les acteurs Hugh Grant, Jude Law, Emily Blunt, Javier Bardem, Penelope Cruz, Robert Redford, Jeremy Irons, le dramaturge Tom Stoppard, les hommes d'affaires Richard Branson, David de Rothschild, les réalisateurs Pedro Almodovar, Stephen Frears, les chanteurs Paul McCartney, Annie Lennox, Bryan Adams, la styliste Vivienne Westwood figurent sur cette première liste.

«Actuellement, explique Greenpeace, l'énorme espace autour des pôles nous appartient à tous», mais comme la température monte et que la glace fond, les États riverains de l'Arctique avancent des revendications territoriales sur le fond de la mer, «pour ouvrir la porte aux géants du pétrole».

Selon Kumi Naidoo, directeur général de Greenpeace International, «l'Arctique a besoin qu'on agisse pour le protéger». «Une interdiction sur les forages extraterritoriaux et la pêche non durable serait une grande victoire», a-t-il affirmé devant la presse.

«Nous devons avoir une énergie propre, eh bien que ce soit le plus tôt possible, n'importe comment nous allons manquer de pétrole !», a lancé Richard Bronson.

Greenpeace demande la création d'un sanctuaire comme celui imposé il y a 20 ans dans l'Antarctique, d'où l'industrie minière est bannie au profit des chercheurs et scientifiques.

Rodion Sulyandziga, vice-président de Raipon (l'Association des peuples indigènes du nord), a souligné que l'exploitation pétrolière de l'Arctique pourrait «mettre en péril l'existence et la survie des peuples indigènes».

Selon Greenpeace, la compagnie Shell devrait entamer dans les prochaines semaines des forages exploratoires dans deux sites marins de l'Arctique, près de l'Alaska. Le géant russe du pétrole Gazprom devrait aussi intervenir dans l'offshore arctique cette année.

Les experts estiment à 900.000 milliards de dollars (725.000 milliards d'euros) la valeur des réserves de l'Arctique en pétrole. Elles suscitent la convoitise des pays riverains -Russie, Canada, Norvège, Danemark et États-Unis.

Le lancement de cette campagne a été accompagné d'une invasion d'«ours» sur des édifices, «une rébellion d'ours polaires» comme le dit Greenpeace, de l'opéra de Sydney au Corcovado de Rio, où a été lancé un ballon de 12 m en forme d'ours.

La campagne a été lancée le 21 juin parce que le cercle arctique connaît ce jour-là, le plus long de l'année, 24 heures de lumière.