Total met en oeuvre deux actions «en parallèle» pour stopper la fuite de gaz sur sa plate-forme du champ d'Elgin en mer du Nord, a indiqué vendredi un responsable du groupe français lors de sa première conférence de presse, 5 jours après l'incident, à Aberdeen en Écosse.

«Nous avons lancé deux actions principales qui progressent en parallèle, la première vise à étouffer le puits à partir d'une base flottante, la seconde consiste à forer deux puits de dérivation» a indiqué Philippe Guys, directeur de la branche exploration au Royaume-Uni.

Dans les deux cas, il s'agit d'arrêter la fuite, la première directement, en injectant des boues à haute densité, si les conditions de sécurité permettent d'approcher la plate-forme. À défaut, deux puits de dérivation seront forés pour soulager la pression du gaz et permettre l'injection des boues pour sceller le puits.

«Pour cela, nous avons suspendu les opérations de deux de nos appareils de forage pour les rendre disponibles, pour travailler sur les puits de dérivation», a-t-il précisé.

La fuite prend son origine environ 1500 mètres au-dessus du réservoir principal en activité à 5500 mètres au dessous du niveau de la mer, soit à 4000 m de profondeur, a-t-il précisé. Le gaz à haute pression s'échappe au niveau de la plate-forme.

Le danger serait que ce gaz, qui se répand en mer sous forme de condensat ou de nuage volatile, entre en contact avec la torchère qui brûle le gaz résiduel resté dans la plate-forme après son arrêt et son évacuation totale par Total dimanche.

Total espère que la torchère s'éteindra spontanément. Les vols de surveillance effectués jeudi ont montré un affaiblissement de la flamme, selon la compagnie.

Philippe Guys a révélé que les premiers problèmes sur le puits G4 de la plate-forme avaient été décelés le 25 février. Le groupe a alors injecté des boues pour étouffer le gaz. «Pendant ce processus, le 25 mars nous avons observé une forte augmentation de la pression suivie d'expulsion de boues et de gaz».

À la suite de l'incident en février, le groupe a vérifié tous ses autres puits sur le champ d'Elgin, et aucun n'a montré d'anomalie, a-t-il précisé. «Nous ne nous attendons pas à des problèmes sur d'autres puits».

Le groupe a conservé «quelques effectifs» sur une plate-forme voisine à des fins de surveillance, selon lui, la situation ne présentant pas de danger pour eux à cette distance.

Pour sa part, le ministère britannique de l'Énergie avait estimé peu avant la conférence de presse que l'extinction de la torchère était «une priorité» pour Total.

«Tant qu'elle brûle, la torchère représente un risque et Total envisage plusieurs options pour l'éteindre si elle ne s'éteint pas toute seule», a expliqué un communiqué du ministère, énumérant 3 options: utiliser un hélicoptère pour arroser la flamme avec de l'eau ou un autre produit; utiliser les bateaux de lutte contre les incendies positionnés sur la zone; injecter de l'azote, ce qui suppose d'accéder en toute sécurité à la plate-forme.

Selon le ministère, les vols de surveillance de la zone montrent une extension de la nappe d'hydrocarbure à la surface de la mer, d'une surface de 22 km sur 4,5 km, avec un volume de condensat de gaz dans l'eau de 3,8 tonnes. «Le ministère considère qu'il n'y a toujours pas de risque substantiel pour l'environnement», indique le communiqué.