Alors que le Québec est victime d'un épisode de smog depuis les 48 dernières heures, deux études récentes concluent que la détérioration de la qualité de l'air entraîne une augmentation considérable du nombre d'infarctus du myocarde et d'accidents vasculaires cérébraux (AVC).

Crise cardiaque

Une méta-analyse publiée hier par des chercheurs du Paris-Centre de recherche cardiovasculaire confirme un fait longtemps soupçonné: les polluants générés par le trafic et les industries sont un élément déclencheur d'une crise cardiaque. D'après les données de ces scientifiques, la dégradation de l'indice de qualité de l'air du niveau bon (vert) à acceptable (jaune) est associée la semaine suivante à une augmentation du risque d'être victime d'un infarctus de 3 à 9,5%.

Selon François Reeves, cardiologue au CHUM et auteur d'un livre sur les répercussions de l'environnement sur les maladies cardiovasculaires, l'étude des Français ne fait qu'ajouter un élément de preuve dans un dossier déjà bien garni. Selon lui, le lieu de résidence et la qualité de l'air qui s'y trouve ont un impact majeur sur nos chances de contracter une maladie cardiaque. «Un Français fumeur a trois fois moins de chances de contracter une maladie cardiovasculaire qu'un Russe non fumeur», donne-t-il à titre d'exemple.

Pollution, démence et AVC

L'analyse française est loin d'être la seule à établir un lien entre santé et qualité de l'air. Une recherche sur la pollution atmosphérique et les risques d'AVC publiée plus tôt cette semaine arrive à la conclusion que l'attaque cérébrale est 35% plus fréquente lorsque l'indice de la qualité de l'air passe de vert à jaune.

Même si la recherche a été réalisée dans la ville peu polluée de Boston, son auteur principal, le professeur adjoint Gregory Wellenius, de l'Université Brown, croit que ses résultats sont applicables au Canada. «On peut s'attendre à des effets similaires dans les villes en Ontario et au Québec», affirme-t-il.

D'après Murray Mittleman, directeur de l'Unité de recherche épidémiologique sur les maladies cardiovasculaires à la Harvard Medical School et coauteur de la recherche, le constat est troublant. «Les données ont été récoltées dans des conditions atmosphériques jugées acceptables. C'est à se demander si les critères de qualité de l'air sont adéquats pour protéger le public», s'inquiète-t-il.

Au Québec, la qualité de l'air cause annuellement près de 2000 morts prématurées et 20 000 visites aux urgences. On estime que les coûts engendrés sont de 2 milliards de dollars.