La campagne d'échantillonnage de l'eau du canal de Lachine a permis de détecter un point de pollution aux coliformes fécaux inexpliqué, estime Daniel Green, de la Société pour vaincre la pollution.

Cependant, la Ville de Montréal estime au contraire que les données récoltées la semaine dernière par M. Green avec une brigade de jeunes confirment que la qualité de l'eau dans le canal est bonne ou excellente.

L'échantillon suspect a été récolté en amont du pont de la rue Wellington, près d'un important projet immobilier. Le taux de coliformes fécaux qu'on y a détecté, de 156 par millilitre, demeure sous la limite recommandée pour les activités nautiques, qui est de 200. Mais cette pollution intrigue M. Green. «Il n'avait pas plu depuis plus de 48 heures, alors, normalement, on ne devrait pas en trouver plus de 20», dit-il.

En effet, aux 28 autres points d'échantillonnage, d'un bout à l'autre du canal, la qualité de l'eau était bonne (de 21 à 100 coliformes fécaux par millilitre) ou excellente (20 ou moins). Notons que Parcs Canada, qui est propriétaire du canal, y interdit la baignade.

M. Green souhaite que la Ville de Montréal et Parcs Canada tentent d'en savoir plus, en particulier pour vérifier s'il y a un égout mal raccordé à proximité du pont Wellington.

Mais, selon Philippe Sabourin, relationniste à la Ville de Montréal, ce n'est pas nécessaire. «Il n'y a rien dans ce taux de coliformes qui peut laisser présager un raccordement inversé, dit-il. Si c'était le cas, on aurait des lectures dans les milliers de coliformes par millilitre.»

M. Sabourin rappelle que la Ville a lancé le projet le plus susceptible d'améliorer la qualité de l'eau dans le canal, soit la construction de bassins de rétention, qui permettront d'éliminer la plupart des débordements d'égout causés par les pluies abondantes au point appelé «trop-plein Rockfield». Actuellement, lorsqu'il y a de fortes pluies, cela cause des déversements dans le canal, ce qui s'est produit en moyenne six fois par année depuis cinq ans, selon Parcs Canada.

Le projet de 148 millions de dollars en est aux dernières étapes de conception, et le chantier devrait démarrer d'ici à la fin de l'année. La capacité des 4 bassins sera de 55 000 m3, soit l'équivalent de 20 piscines olympiques.

La question de la qualité de l'eau prend plus d'importance avec l'attrait qu'exerce le canal de Lachine sur les promoteurs immobiliers.

Ainsi Prével, promoteur des Bassins du Havre, complexe résidentiel en construction juste devant l'endroit où l'échantillon le plus pollué a été prélevé, mise beaucoup sur la proximité du canal. Mais il s'en tiendra à distance tout en se gardant d'ajouter aux problèmes. Le complexe de 1800 appartements, d'une valeur de 650 millions, sera érigé sur des bassins séparés du canal. «On aura des marais filtrants qu'on contrôle, dit Jacques Vincent, coprésident de Prével. Et sur le plan des eaux de pluie, on est très exigeant pour bien les gérer.»

Et la pollution? «C'est sûr que ce serait mieux s'il n'y en avait pas, mais à la Ville de Montréal et à Parcs Canada, il y a des gens responsables qui veulent bien faire les choses, dit-il. C'est peut-être à cause de ces problématiques qu'on est plus exigeant avec nous.»