Plusieurs milliers d'habitants de Gualeguaychu, à 230 km au nord de Buenos Aires, ont manifesté dimanche sur un pont international pour demander le démantèlement d'une usine finlandaise de pâte à papier construite de l'autre côté du fleuve Uruguay.

Les manifestants s'opposent au jugement de la Cour internationale de Justice de La Haye (CIJ) qui a rejeté mardi le déplacement de l'usine, alors qu'ils dénonçaient une pollution excessive et des mauvaises odeurs émanant de l'industrie.

La plus haute autorité judiciaire de l'ONU a estimé que les éléments présentés par l'Argentine n'étaient pas suffisants pour conclure à une contamination du fleuve, mais elle a aussi considéré que l'Uruguay avait violé un traité fluvial de 1975 l'obligeant à informer et consulter son voisin.

«En Europe, quand on est dans l'illégalité on est expulsé, pour La Haye, ceux qui sont dans l'illégalité restent», s'étonne le texte publié par l'Assemblée populaire de Gualeguaychu, à l'origine de la manifestation.

L'Assemblée, qui bloque depuis trois ans et demi le pont entre l'Uruguay et l'Argentine, a exigé «le démantèlement» de l'usine UPM, en fonctionnement depuis novembre 2007.

Les Uruguayens reprochent au gouvernement argentin de ne jamais être intervenu pour lever le blocage, d'un coût de 500 millions de dollars pour l'économie de l'Uruguay, un petit pays agricole qui voyait dans les usines de pâte à papier un moyen de se développer.

Selon l'Assemblée populaire de Gualeguaychu, au cours des deux premières années de fonctionnement de l'usine, celle-ci a rejeté 36 800 tonnes de produits toxiques.

La présidente argentine Cristina Kirchner et son homologue uruguayen José Mujica doivent se rencontrer mercredi à Buenos Aires, tandis que l'Assemblée de Gualeguaychu doit se réunir cette semaine pour décider de la fin ou non du blocage, sur lequel la CIJ ne s'est pas prononcée.