En raison de l'accroissement du trafic maritime dans les eaux de l'Arctique, la garde côtière canadienne a entrepris une opération visant à aider les communautés nordiques à réagir rapidement en cas de déversement de pétrole.

Et puisque l'intérêt pour le développement des ressources énergétiques dans cette région est sans cesse grandissant, des scientifiques sont en train de mettre au point une nouvelle technique visant à répondre efficacement en cas de catastrophe maritime impliquant un déversement de produits toxiques. Ils prévoient d'ailleurs effectuer leurs premiers tests sur le terrain sous peu.

C'est du moins ce qu'affirme le directeur de la recherche environnementale sur le pétrole et le gaz extracôtiers de l'Institut océanographique de Bedford, en Nouvelle-Ecosse, Ken Lee. «Il est vraiment nécessaire d'effectuer des essais pratiques sur le terrain où l'on contrôlera des déversements pétroliers dans l'Arctique», a soutenu le chercheur.

De tels tests n'ont jamais été effectués mais les scientifiques soutiennent qu'ils sont nécessaires compte tenu des risques accrus de déversements dans un avenir rapproché. Le U.S. Minerals Management Service calcule d'ailleurs qu'à terme, les chances qu'un tel événement se produise dans un périmètre déterminé de l'Alaska sont d'environ une sur cinq.

Les risques de déverserments multipliés

Et les experts du transport maritime prévoient que l'augmentation de la fréquentation dans la voie maritime du passage du Nord-Ouest multiplie les risques de déversements toxiques.

Selon le directeur des services maritimes de la garde côtière de l'Arctique, Garry Linsey, les chances sont accrues aux endroits où des installations sont prévues pour décharger du pétrole.

Ainsi, pour aider les habitants des régions du Nord à limiter l'impact des déversements toxiques des navires transportant du pétrole chez eux, la garde côtière fera parvenir cet été à huit communautés de l'Arctique des colis spéciaux contenant du matériel de nettoyage prévu pour ce type de dégât.

Des bénévoles seront formés pour utiliser les produits absorbants et les dispositifs permettant de récupérer le pétrole dans l'eau. Ces colis contiendront également des trousses permettant de nettoyer les plages.

En tout, 18 communautés nordiques seront équipées pour gérer une catastrophe impliquant un déversement de pétrole dans leur secteur.

La glace marine complique la tâche

Toutefois, une recherche publiée récemment par la U.S. Arctic Research Commission soutient que des améliorations peuvent être apportées aux techniques permettant de nettoyer les dégâts de pétrole lorsqu'ils surviennent en présence de glace marine.

Garry Linsey reconnaît que cet aspect demeure un problème. «Un déversement dans des eaux couvertes de glace serait problématique», a-t-il admis, ajoutant cependant que des améliorations ont récemment été apportées.

Son équipe de recherche a d'ailleurs élaboré une manière d'utiliser des fines particules d'argile plutôt que des produits chimiques pour briser les globules de pétrole présentes dans l'eau en petites gouttelettes qui se dégraderont plus rapidement.

Mais pour ce faire, les chercheurs ont besoin de l'aval des autorités canadiennes pour déverser du pétrole dans l'Arctique pour mettre à l'épreuve la nouvelle technologie. Mais M. Linsey refuse de donner davantage de détails quant à l'endroit où seront conduits ces tests et leur stade d'avancement.

Il admet néanmoins que les opérations de forage au large des côtes de l'Arctique comportent des risques. «Mais comment les limiter? Et qu'est-ce qui est acceptable?», se demande le chercheur.