L'Uruguay a répliqué, lundi, à l'Argentine qui l'accuse de causer des "dommages irréversibles à l'écosystème" du fleuve frontalier Uruguay en autorisant la construction d'usines de pâte à papier sur ses rives, devant la Cour internationale de Justice (CIJ) à La Haye.

L'usine du papetier finlandais Botnia, en service depuis 2007 à Fray Bentos (ouest), «fonctionne dans le respect des normes et ne cause pas de pollution», a déclaré le représentant de l'Uruguay, Carlos Gianelli, au premier jour des plaidoiries de son pays.

«C'est la bonne usine au bon endroit sur un fleuve plus que capable de soutenir ce genre de développement économique», a renchérit Alan Boyle, professeur de droit international à l'université d'Edimbourg, cité comme expert par l'Uruguay.

L'Argentine avait déposé le 4 mai 2006 une plainte contre Montevideo, lui reprochant d'avoir autorisé «unilatéralement» la construction de deux usines de cellulose au bord du fleuve Uruguay, sans respecter la procédure obligatoire d'information et de consultation préalable établie par un traité de 1975.

Le 14 septembre, à l'ouverture de l'examen de l'affaire au fond par la CIJ, Buenos Aires avait accusé l'Uruguay de provoquer des «dommages irréversibles à l'écosystème» du fleuve et d'avoir choisi un «site totalement inapproprié», dans une région où la pêche et le tourisme sont des activités importantes.

Douze audiences sont prévues jusqu'au 2 octobre devant la CIJ, principal organe judiciaire des Nations unies, qui mettra son jugement en délibéré.

Seule l'usine Botnia, qui représente un investissement d'un milliard de dollars (688 millions d'euros) et a une capacité annuelle de un million de tonnes, a été construite à ce jour à Fray Bentos. La deuxième usine reste en projet.

Son activité a généré "la floraison d'algues toxiques d'une envergure jamais constatée", présentes "jusqu'à 25 kilomètres en amont du fleuve", avait affirmé l'ambassadrice argentine Susana Ruiz Cerutti lors de la première séance d'audiences.

Les sulfures d'hydrogène qu'elle rejette causent «des odeurs insupportables qui renouvellent les inquiétudes et peurs des habitants de la région qui craignent pour leur santé», a-t-elle souligné: «cela sent l'oeuf pourri».

«Aujourd'hui nous savons que l'usine Botnia pollue», a précisé Mme Ruiz Cerutti. L'activité d'une telle usine, «la plus grande usine jamais implantée sur le fleuve Uruguay", qui devrait fonctionner pendant 40 ans, «ne serait certainement pas autorisée en Europe», a-t-elle affirmé.

Elle rejette dans l'eau «des substances hautement toxiques et largement interdites» et «les polluants s'accumulent dans les sédiments», a argué l'ambassadrice argentine.

Mme Ruiz Cerutti a rappelé que l'usine est située dans «l'une des régions les plus peuplées» en bordure du fleuve, où la pêche et le tourisme, notamment dans la station balnéaire de Nandubaysal, sont des activités importantes.