Une liste des suspects les plus recherchés pour des crimes écologiques: à l'instar du FBI, l'Agence de protection américaine de l'environnement s'apprête à diffuser sa propre liste de fugitifs. Ces suspects sont notamment accusés de contrebande de produits chimiques détruisant la couche d'ozone, de trafic de voitures polluantes ou du déversement de déchets dangereux dans des océans et des rivières.

Désormais, le gouvernement américain demande au public de l'aider dans sa traque. Dans sa liste, la première du genre sur les crimes environnementaux, l'Agence de protection américaine de l'environnement (Environmental Protection Agency-EPA) diffuse sur son site Internet les noms de 23 des «most wanted», les suspects les plus recherchés, avec leurs photos d'identité judiciaire et les descriptions des accusations dont ils font l'objet. Beaucoup risquent plusieurs années de prison et certaines accusations pourraient se traduire par des centaines de milliers de dollars d'amendes.

«Ils sont accusés de crimes environnementaux et ils pourraient être traduits devant le système de justice criminelle», a expliqué Pete Rosenberg, un directeur de la Division de maintien de l'ordre de l'agence.

Sur la liste figurera John Karayannides, qui aurait contribué à orchestrer le déchargement de 487 tonnes de blé empoisonnées au diesel en mer de Chine méridionale en 1998. John Karayannides se serait enfui à Athènes.

Egalement recherchés un père et son fils, Carlos Giordano et Allesandro Giordano, qui ont été arrêtés en 2003 alors qu'ils étaient les propriétaires d'Autodelta USA, une entreprise qui importait et vendait illégalement en Californie des Alfa Romeo qui ne répondaient pas aux normes américaines en matière d'émissions de gaz et de sécurité. Les deux hommes se trouveraient actuellement en Italie.

Raul Chavez-Beltran, un autre fugitif sur la liste, dirigeait une entreprise de nettoyage environnemental à El Paso, au Texas, qui est accusée de transporter des déchets dangereux d'entreprises le long de la frontière mexicaine et de les avoir écoulés et stockés abusivement aux États-Unis. Une fois, il aurait stocké de la terre teintée de mercure dans un entrepôt.

Cette liste est lancée alors que les activités pénales de l'EPA ont diminué. Durant l'année fiscale 2008, l'EPA a ouvert 319 enquêtes criminelles, contre 425 dans l'année fiscale 2004. Et les procureurs ont inculpé seulement 176 suspects de crimes environnementaux, le plus faible nombre depuis cinq ans.

Les responsables de l'EPA défendent le bilan de l'agence, affirmant que celle-ci s'est concentrée sur les affaires les plus importantes pour des bénéfices plus grands sur l'environnement.

Mais Walter D. James III, un avocat spécialisé dans l'environnement basé à Grapevine, au Texas, estime que l'EPA manque d'effectifs pour enquêter sur les crimes environnementaux. Le budget pour cette division a augmenté de 11 millions de dollars depuis 2000, mais elle compte seulement 135 enquêteurs, alors que le Congrès avait donné son feu vert en 1990 pour en employer 200. Pour Walter James, cette liste pourrait pousser les citoyens à dénoncer les fautifs, mais il se demande si cela pourrait en dissuader d'autres de commettre des délits à caractère environnemental.