C'est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle: la communauté internationale a réussi à diminuer ses émissions de gaz à effet de serre en 2006... mais cette réduction n'a pas dépassé 0,1%.

À deux semaines de la prochaine conférence internationale sur le climat, qui débute le 1er décembre à Poznan (Pologne), l'ONU a dévoilé les fruits - mi-figue, mi-raisin - de la lutte mondiale contre les changements climatiques.

 

Ensemble, les signataires du protocole de Kyoto ont ainsi vu leurs émissions décroître de 0,1% de 2005 à 2006, ce qui démontre que si des efforts sont faits, ils ne donnent pas encore de résultats probants. Sur la même période, le Canada a émis 1,9% moins de GES.

Pour le bureau climatique de l'ONU, il ne s'agit d'ailleurs pas d'une baisse, mais plutôt d'un «ralentissement de la hausse». Car 2006, précise-t-on, a été marquée par «un hiver relativement doux et des prix du pétrole relativement élevés».

Il importe donc de regarder les tendances sur plusieurs années: de 1990, année de référence internationale, et 2006, les émissions ont baissé de 4,7%. Mais encore là, cela ne reflète pas la réalité des pays industrialisés, puisque cette réduction est liée à l'effondrement des pays du bloc de l'Est qui, ensemble, ont diminué leurs émissions de 34,7%!

Cela est suffisant pour compenser les hausses vertigineuses constatées dans les pays occidentaux, entre 1990 et 2006, comme le Canada ("21,7%), l'Espagne ("50,6%) ou l'Australie ("28,8%).

Hausse de 2,3%

Pour avoir une idée plus juste de la situation, il vaut donc mieux s'attarder sur la période 2000 à 2006, alors que les émissions des pays de l'Est ont recommencé à monter. On observe ainsi une hausse de 2,3% des GES pour les 40 pays les plus industrialisés.

C'est ce qui fait dire à Yvo de Boer, le grand patron du bureau climatique de l'ONU, «qu'il est urgent à Poznan de faire des progrès dans le processus de négociation et d'avancer rapidement vers la définition d'un nouvel accord pour relever le défi climatique».

Cela est d'autant plus vrai, ajoute-t-il, que les émissions de CO2 demeurent, à elles seules, une préoccupation majeure. Elles confirment que les sociétés développées sont encore et toujours dépendantes du pétrole et des autres hydrocarbures.

Selon les chiffres de l'ONU, les émissions de CO2 représentaient plus de 82% des gaz à effet de serre en 2006. Elles ont bondi un peu partout, entre autres au Canada ("22,9%), en Australie ("40,5%), aux États-Unis ("18,1%) et en Espagne ("57%).

La réunion internationale de deux semaines qui s'amorcera bientôt en Pologne permettra à la communauté internationale de jeter les bases d'un accord post-2012, date d'échéance de la première phase de Kyoto.

Aucune entente formelle ne devrait être alors conclue, cependant, car le «Kyoto nouvelle mouture» est plutôt attendu l'an prochain, lors de la réunion de Copenhague.

Rappelons que le protocole de Kyoto fixe une cible de réduction des GES de 5% sur la période 2008-2012 et ce, pour les 40 pays les plus riches (dits de l'Annexe 1).

Pour joindre notre journaliste: francois.cardinal@lapresse.ca