Le monde vit au-dessus de ses moyens écologiques, et le Canada en est un des principaux responsables, révèle le plus récent bilan mondial de santé de l'environnement, dévoilé hier par le World Wildlife Fund (WWF).

Pour répondre à ses besoins immédiats sans nuire aux écosystèmes, l'humanité aurait aujourd'hui besoin d'un peu plus d'une planète. Et si elle vivait plutôt au rythme de consommation des Canadiens, trois planètes seraient nécessaires, conclut cette étude internationale.

 

«Le rapport nous confirme que nous avons beaucoup de travail à faire, ici au Canada, indique Gerald Butts, directeur de l'antenne locale du WWF, un des plus importants organismes écologiques au monde. Nous espérons que le gouvernement fédéral verra cela comme une occasion de changer de direction.»

Basée sur le concept d'«empreinte écologique», l'analyse des chercheurs du WWF mesure la superficie de terrain nécessaire pour répondre aux besoins (consommation de ressources et production de déchets) d'un citoyen, dans un pays donné. Ce chiffre est à comparer avec la «biocapacité» de la Terre, soit 2,1 hectares.

Sur cette base, le Canada est le 7e pire pays au monde, avec un besoin par personne évalué à quelque 7 hectares, une superficie trois fois plus importante que le seuil jugé acceptable.

Le Canada fait ainsi mieux que les Émirats arabes unis et les États-Unis (9,5 ha), mais se situe très loin de la moyenne mondiale, de 2,7 hectares.

«Tout comme les dépenses inconsidérées sont à l'origine de la récession, écrivent les auteurs du rapport, la consommation inconsidérée épuise le capital naturel mondial à un point tel que nous mettons en danger notre prospérité future.»

Dans le rouge...

Publié tous les deux ans, le rapport retrace l'évolution des besoins de l'humanité depuis les années 60. On y apprend ainsi que l'humanité est passée d'un état de «crédit écologique» à celui de «déficit écologique» dans les années 80, vidant depuis la Terre de ses ressources à un rythme qui s'accélère.

«Si nos demandes se maintiennent à la même cadence, nous aurons besoin, vers le milieu des années 2030, de l'équivalent de deux planètes pour maintenir notre mode de vie», selon le grand patron de WWF International, James Leape.

Pour la première fois, le rapport ajoute un indicateur à ses calculs, soit l'«empreinte eau» des pays. Il s'agit du volume d'eau douce nécessaire aux besoins d'un citoyen, dans un pays donné.

Là encore, le Canada fait piètre figure, terminant au 12e rang en raison de la grande soif de sa population. On évalue qu'en moyenne, un Canadien consomme 2 millions de litres d'eau par année, ce qui équivaut à renvoyer la chasse d'eau d'une toilette 1000 fois par jour, pendant un an.

«Nous sommes en train d'agir écologiquement de la même façon que les institutions financières se sont comportées économiquement, cherchant la satisfaction immédiate sans prendre en compte les conséquences», estime Jonathan Loh, de la Société zoologique de Londres, organisme ayant cosigné l'étude.

Pour ne pas foncer tête baissée dans le mur, les auteurs du rapport invitent les pays du monde, en particulier les pays riches, à réduire leur dépendance aux combustibles fossiles, principal responsable de la situation déplorable de l'environnement, à leur avis.

Pour lire le rapport en français, cliquez ici