Tandis que les grèves étudiantes pour le climat se multiplient en Europe, de jeunes Montréalais s'affairent à étendre ce mouvement aux universités et aux cégeps du Québec.

Le collectif «La Planète s'invite à l'Université de Montréal» a vu le jour il y a seulement trois semaines et il prévoit déjà lancer un appel à l'ensemble des étudiants de la province vendredi.

Sa porte-parole, Léa Ilardo, explique que le collectif a rapidement revu ses ambitions à la hausse en constatant l'empressement d'agir dans d'autres universités et cégeps.

L'objectif est de «répondre à l'appel de la grève mondiale pour le climat le 15 mars prochain», explique l'étudiante au baccalauréat en communication et politique à l'Université de Montréal.

Inspirée par les grèves hebdomadaires initiées en Suède, elle n'écarte pas la possibilité de débrayer sur une base régulière.

«On veut pas juste faire la grève pour faire la grève, explique la jeune femme de 20 ans. Les jeunes ont la responsabilité de montrer qu'on n'est pas résignés et qu'il est encore temps».

Encore temps, oui - mais le changement de cap devra être radical. Dans un rapport publié en octobre dernier, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations Unies (GIEC) concluait qu'il est possible de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius par rapport à l'époque préindustrielle, mais que cela nécessitera une refonte radicale de l'économie mondiale, incluant un abandon des combustibles fossiles.

Bien que les revendications exactes du mouvement font encore l'objet de discussions, Léa Ilardo s'attend à ce qu'elles comprennent le respect des recommandations du GIEC.

Pour Mathieu Desgroseilliers, instigateur de la mobilisation à l'Université de Montréal, le monde est enfin prêt à entendre ce message.

Pour les étudiants comme lui, l'enjeu tient, à ses yeux, en une seule question : «Pourquoi investir autant de temps et d'argent dans un avenir aussi incertain, auprès d'universités qui projettent un virage vert sur un fond noir, tout ça pour produire des connaissances qui, au final, ne seront pas prises en compte par les gouvernements ?»

Les militants de La Planète s'invite à l'Université de Montréal, dont le nom est calqué sur le collectif La Planète s'invite au Parlement, interpellent autant les autorités gouvernementales que l'administration de leur propre université, qu'ils exhortent à cesser d'investir dans le secteur des hydrocarbures.

«Les changements se font à un niveau personnel, mais doivent impérativement se faire collectivement et institutionnellement aussi, à plus grande échelle», fait valoir l'étudiant de 22 ans, au baccalauréat en anthropologie.

«Ça fait des mois que je vois que mon engagement à petite échelle ne suffit plus, renchérit Léa Ilardo. On ne voit pas de changement radical au niveau des gouvernements. Il faut provoquer ce changement parce qu'aujourd'hui, on n'a plus le choix.»