Cinq ans après la Conférence de Nagoya sur la biodiversité, plusieurs pays ont fait de grands efforts de conservation de milieux naturels. Mais le Canada fait figure de cancre à cet égard, affirme la Société pour la nature et les parcs (SNAP), dans un rapport obtenu par La Presse.

«Le Canada accuse un sérieux retard par rapport à la plupart des autres pays: il ne protège que 10% de son territoire, alors que la moyenne mondiale est de 15%, affirme la SNAP. Pire encore, le Canada progresse à un rythme lamentable et ne possède aucun plan d'action national en vue d'atteindre ses objectifs.»

Pourtant, ce ne sont pas les occasions qui manquent, souligne l'organisme, qui a repéré une trentaine de projets de conservation totalisant 5% du territoire canadien qui sont suffisamment avancés pour être réalisés d'ici 2020.

Le Canada abrite en outre un cinquième de toutes les forêts intactes de la planète.

«C'est vraiment une question de mise en oeuvre», affirme Alice de Swarte, chargée de projets en conservation à la SNAP Québec, en entrevue avec La Presse.

On observe aussi une grande disparité de protection selon les régions.

«Plus on monte vers le nord et plus c'est facile de protéger des zones, dit Mme de Swarte. Ça induit une mauvaise représentativité des écorégions. Ce n'est pas la quantité des aires protégées qui compte, mais aussi la qualité. Il faut bien représenter toute la biodiversité.»

Autre défaut des aires protégées canadiennes: elles sont souvent trop petites et isolées pour jouer adéquatement leur rôle de conservation, affirme-t-on dans le rapport, intitulé Protéger le Canada: Est-ce dans notre nature?.

«En 2010, près des trois quarts des 5095 aires protégées du Canada avaient une superficie inférieure à 10 km2, note-t-on. Dans le Sud-Est du Canada, on a estimé que la superficie minimale nécessaire pour soutenir toutes les espèces natives doit être d'au moins 3000 km2.»

Le temps presse d'autant plus que l'histoire récente du Canada en matière d'environnement est une suite de promesses plus ou moins tenues, souligne-t-on.

La SNAP rappelle qu'en 1992, tous les ministres de l'Environnement et de la Faune du pays prenaient l'engagement formel de créer un réseau d'aires protégées représentatif avant 2000.

Il y a des signes encourageants, affirme néanmoins la SNAP. «Au Québec, même s'il ne s'est pas passé grand-chose entre 2011 et 2014, il y a eu récemment des annonces pour la création [d'une nouvelle aire protégée], la réserve Kovik, et du parc Ulittaniujalik», dit Mme de Swarte.

Mais ces annonces restent fragiles, à l'image de la protection de la rivière Dumoine, à la limite du Pontiac et du Témiscamingue.

Déclarée réserve aquatique en 2008, la vallée de la Dumoine a toujours un statut provisoire, sept ans plus tard. «Le risque des réserves provisoires, c'est que leurs limites peuvent être changées», précise Mme de Swarte.