Le choc économique qui s'annonce dans la région de Trois-Rivières avec la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2 pourrait être absorbé avec le lancement du chantier de démantèlement de Gentilly-1.

C'est ce qu'affirme Shawn-Patrick Stensil, responsable de la campagne antinucléaire à Greenpeace.

Gentilly-1 est l'une des trois centrales expérimentales qui ont permis à Énergie atomique du Canada (EACL) de créer les réacteurs CANDU. Terminée en 1971 et fermée en 1979, elle est toujours la responsabilité financière du gouvernement fédéral. Elle est située sur le même terrain que Gentilly-2.

«Québec devrait exiger du gouvernement fédéral qu'il nettoie son gâchis radioactif de Gentilly-1, affirme M. Stensil. La grande corvée du nucléaire pourrait être source de nouveaux emplois tout en aidant les travailleurs de Gentilly-2 à faire la transition.»

Depuis cinq ans, Ottawa fait pleuvoir les millions, surtout en Ontario, afin de décontaminer les sites de l'industrie nucléaire.

En 2006, Ressources naturelles Canada a lancé le Programme des responsabilités nucléaires héritées (PRNH). C'est un projet s'étalant sur 70 ans pour «réduire, de façon sûre et rentable, les responsabilités nucléaires» héritées des activités de recherche et développement dans le domaine nucléaire qui se sont déroulées au pays depuis 1944, y compris la centrale de Gentilly-1.

D'ici 2015, le fédéral aura injecté 959 millions dans ce programme. Mais la part du lion est allée jusqu'ici aux nombreux chantiers de décontamination de Chalk River, en Ontario.

De plus, Ottawa a annoncé en janvier dernier l'injection de 1,28 milliard dans la décontamination et la réhabilitation de terrains à Port Hope, toujours en Ontario.

C'est dans cette ville riveraine du lac Ontario que l'industrie de la transformation de l'uranium s'est concentrée au Canada depuis les années 30.

«Mme Marois peut dire au gouvernement fédéral de commencer maintenant le démantèlement de Gentilly-1, dit M. Stensil. Ils doivent aussi prendre leurs responsabilités au Québec.»

Énergie atomique du Canada, société de la Couronne fédérale, est responsable de la gestion du programme PRNH. Le porte-parole de l'entreprise, Pat Quinn, affirme que les dépenses du programme sont en fonction des risques que pose chacune des installations. «Le risque est moins élevé à Gentilly-1, dit-il. Les autres travaux sont plus prioritaires.»

Cependant, ajoute M. Quinn, EACL travaille actuellement au plan de démantèlement de toutes les installations visées par le PRNH, dont Gentilly-1. «Nous examinons actuellement l'ensemble de tout le travail requis par un démantèlement complet de Gentilly-1, dit-il. Il y a trois bâtiments visés: le réacteur, la turbine et des bureaux.»

M. Quinn n'a pu préciser quand ce plan sera prêt ni quelles sommes ont été dépensées jusqu'ici au Québec dans le cadre du PRNH.

Pour Patrick Charlebois, président de la chambre de commerce de Trois-Rivières, le démantèlement de Gentilly-1 représente une occasion à saisir pour la région, mais la priorité demeure la réfection de Gentilly-2.

Selon une source bien informée, cependant, il serait «saugrenu» de démanteler Gentilly-1 avant Gentilly-2. «Tant qu'à démanteler, il faut faire les deux en même temps», affirme cette source.