Devant l'hostilité d'Ottawa, les environnementalistes et les organismes étrangers semblent bénéficier de l'appui du public dans le débat qui entoure le projet d'oléoduc Northern Gateway. Engagés dans les discussions sur la construction possible d'un pipeline en Colombie-Britannique, ces groupes ont vu leurs dons augmenter au cours des dernières semaines. La hausse est d'autant plus marquée depuis que le ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver, a affirmé que des groupes environnementaux financés par des fonds américains et des célébrités tentent de noyauter le processus réglementaire canadien.

En Colombie-Britannique, Emma Gilchrist, de l'organisme non gouvernemental Dogwood Initiative, soutient qu'elle a observé une vague de soutien sans précédent. Son ONG a reçu 12 000$ en dons non sollicités depuis la publication de la lettre ouverte du ministre Oliver.

Mme Gilchrist a remarqué que certains chèques portent la mention «Merci, Joe Oliver». Dogwood Initiative a obtenu 25 000 nouvelles signatures sur sa pétition contre le projet de superpétroliers, un nombre qui dépasse le total des appuis que l'ONG avait reçus pendant toute l'année dernière. L'affluence sur sa page Facebook a également augmenté de 10 000%.

Bien qu'elle se dise «plutôt déçue» des déclarations d'Ottawa, Mme Gilchrist reconnaît qu'elles ont eu un effet rassembleur sur la population.

Le groupe écologiste Sierra Club a également vu l'appui du public augmenter après avoir annoncé à ses membres, en décembre dernier, qu'il pourrait être la cible du gouvernement fédéral au moment où celui-ci reverra le statut des organismes de bienfaisance.

«Nous avons reçu deux fois plus que ce que nous avions prévu, a indiqué le directeur du Sierra Club, John Bennett. À la fin d'une année, nous avons habituellement amassé de 40 000$ à 50 000$. Cette année, nos dons totalisent environ 100 000$.»

La situation est semblable chez West Coast Environmental Law, où Jessica Clogg a remarqué un engouement de la part des partisans actuels, en plus de l'arrivée de nouveaux appuis.

Les dons à ForestEthics ont également augmenté depuis le début de la semaine, quand un de ses ex-employés, Andrew Frank, a rapporté des propos de son ancien superviseur, selon qui un représentant du cabinet de Stephen Harper avait qualifié leur organisation «d'ennemi de l'État».

«Les gens s'inquiètent au sujet du climat et des substances toxiques, estime la porte-parole de ForestEthics, Valerie Langer. Mais ils sont également furieux de voir le gouvernement fédéral tenter de limiter notre liberté de participer à des débats importants.»