L'archipel des îles de la Madeleine pourrait être entouré d'une aire marine protégée d'ici deux ans. Le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, a annoncé hier qu'il s'est entendu avec le gouvernement fédéral sur les modalités d'une étude en ce sens.

La zone visée fait 16 500 km2 et s'étend jusqu'à 90 km des côtes de l'archipel. Elle est importante en raison de la présence de plusieurs espèces rares -dont certaines baleines et la tortue luth-, de même que des espèces de poissons, de crustacés et également de nombreux oiseaux qui fréquentent les terres émergées dans le secteur.

Des consultations seront menées pour affiner les connaissances de l'écologie du secteur et des enjeux pour les pêches et les autres usages. «On pense qu'au final, l'aire protégée pourrait faire 5000 kilomètres carrés divisés en plusieurs zones où les usages seraient réglementés de différentes façons», dit Jérôme Spaggiari, coordonnateur en conservation à la Société pour la nature et les Parcs (SNAP) - Québec.

Le projet refait surface après avoir été évoqué une première fois en 2004 par Environnement Canada. L'annonce était attendue, car Québec et Ottawa s'étaient engagés, notamment devant le Secrétariat de la Convention sur la biodiversité de l'ONU, à créer trois aires marines protégées d'ici 2012. La seule aire marine protégée du Québec est celle du Saguenay, créée en 1996.

La SNAP s'en réjouit et juge la création d'une aire marine «essentielle à la protection du milieu marin madelinot». L'organisme souligne que moins de 1% des milieux marins du Québec et du Canada sont actuellement protégés, contre 10% en Australie.

Le projet pourrait susciter de l'opposition dans les rangs des pêcheurs madelinots, mais ceux-ci ont tout à y gagner, selon M. Spaggiari. «Les recherches montrent que les limites des aires protégées sont des zones de pêche très intéressantes, dit-il. Les réserves marines augmentent la masse d'individus et la diversité des espèces, ainsi que la taille des individus. Dans le golfe du Maine, l'essentiel de la pêche se fait à proximité des frontières des réserves marines.»

Une autre aire devrait aussi bientôt être créée pour la zone au large de Baie-Comeau, affirme le ministère de l'Environnement.