Même si la Chambre des communes a ajourné ses travaux jeudi soir jusqu'au 25 janvier, le premier ministre Stephen Harper devra continuer à en découdre avec le chef du NPD, Jack Layton, à l'étranger la semaine prochaine.

M. Layton se rendra à Copenhague lundi afin de participer à la conférence des Nations unies sur les changements climatiques, qui doit prendre fin le 18 décembre avec une rencontre des chefs de gouvernement et d'État.

M. Harper prendra part à cette portion de la conférence qui doit permettre à la communauté internationale de préparer l'après-Kyoto et de conclure une entente obligeant les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).

Devant l'avalanche de critiques que le Canada doit encaisser sur la scène internationale en raison de son piètre bilan en matière de lutte contre les changements climatiques, notamment depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir, M. Layton compte profiter de cette conférence pour dire à qui veut bien l'entendre que le gouvernement Harper ne défend pas les aspirations de la majorité des Canadiens et des députés des Communes à cet égard.

«Je veux m'assurer que le monde comprenne bien que la position du gouvernement Harper n'est pas la position de la majorité des Canadiens ni de la majorité des élus à la Chambre des communes», a affirmé M. Layton dans une entrevue accordée à La Presse.

«Il y a beaucoup de gens au Canada qui rejettent l'idée de M. Harper voulant qu'on doive choisir entre l'environnement d'un côté et l'économie de l'autre. On doit faire les deux ensemble. C'est une vision rétrograde», a dit M. Layton.

Mardi, le comité de l'environnement a adopté le projet de loi C-311, parrainé par M. Layton, qui propose de réduire de 25% les émissions de GES par rapport à 1990 d'ici 2020 et une cible de 80% d'ici 2050. Ce projet de loi est maintenant rendu à l'étape de la troisième et dernière lecture aux Communes et sera ensuite étudié par le Sénat l'an prochain.

Et la semaine dernière, la Chambre des communes a adopté une motion du député bloquiste Bernard Bigras qui demande au gouvernement Harper d'imposer la même cible d'ici 2020 et d'accorder une aide aux pays en développement pour soutenir leurs efforts de réduction.

Prix «Fossile»

Depuis le début de la conférence de Copenhague, lundi, le Canada s'est vu décerner par les groupes environnementaux plusieurs prix «Fossile» pour son refus d'adopter des cibles plus ambitieuses.

Le gouvernement Harper propose de réduire les émissions de GES de 20% d'ici 2020, mais en prenant 2006 comme année de référence et non pas 1990 comme le stipule le protocole de Kyoto, conclu en 1997 et appuyé par les groupes écologistes.

L'administration démocrate de Barack Obama compte quant à elle réduire les émissions de GES des États-Unis de 17% d'ici 2020, mais en prenant 2005 comme année de référence. Les États-Unis n'ont jamais ratifié le protocole de Kyoto, mais le président américain s'est engagé à faire en sorte que son pays fasse sa part pour combattre les changements climatiques.

À titre de comparaison, l'Union européenne s'est engagée à réduire ses émissions de 20% par rapport à 1990, mais les chefs d'État et de gouvernement de l'UE ont mis davantage sur la table depuis le début de la conférence en offrant une baisse de 30% au cours de la prochaine décennie. En outre, ils ont offert un programme d'aide rapide aux pays pauvres de 7,2 milliards d'euros sur trois ans.

Rencontres «vertes»

M. Layton profitera aussi de son séjour dans la capitale danoise afin de rencontrer des leaders étrangers et des ministres de l'environnement d'autres pays qui ont investi dans les nouvelles technologies vertes pour réduire leur dépendance à l'égard de l'énergie. «Cela va m'aide encore plus à mieux comprendre ce que font les autres pays», a dit M. Layton.

Par ailleurs, M. Layton se réjouit de voir que l'idée du NPD de créer un système de quotas et de plafonnement en Amérique du Nord, également connu en anglais comme un régime de «cap and trade», progresse. Cette idée a été reprise par le gouvernement Harper en janvier après que le président Obama eut fait de cette mesure l'une de ses priorités en matière de lutte contre les changements climatiques.

Le Parti libéral et le Bloc québécois auront aussi chacun un représentant à la conférence. Le député libéral David McGuinty et le bloquiste Bernard Bigras donneront aussi la réplique aux intentions du gouvernement Harper à Copenhague.