En donnant le feu vert en catimini à la réfection de la centrale nucléaire Gentilly, le gouvernement Charest a carrément nié les recommandations du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), estime le Parti québécois.

Ce dernier déposera en ce sens, cet après-midi, une motion à l'Assemblée nationale, afin d'exiger la tenue d'une commission parlementaire sur la question, a appris La Presse.

 

En plein débat sur les déchets nucléaires, le porte-parole péquiste en matière d'énergie, Sylvain Gaudreault, demandera que toute la lumière soit faite sur la décision d'investir près de 2 milliards de dollars pour rénover l'unique centrale nucléaire du Québec.

«En prenant cette décision sans aucune transparence, le gouvernement va à l'encontre d'une recommandation qui lui a été faite par le BAPE en 2005, soit de faire connaître les critères menant à une décision, avant que celle-ci ne soit prise», explique-t-il.

Il demandera ainsi que la Commission de l'économie et du travail puisse entendre le gouvernement ainsi que le promoteur du projet, Hydro-Québec, afin que ceux-ci justifient leur décision. Notons que le PQ n'est pas défavorable à la rénovation de la centrale. Il souhaite seulement que le bien-fondé de la décision soit expliqué.

Enfouissement des déchets

Cela survient en plein débat sur l'enfouissement des déchets nucléaires, un dossier épineux qui a rebondi à Québec, hier.

En réaction aux textes de La Presse et du Devoir, le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, a confirmé que les partis représentés à l'Assemblée nationale sont solidaires et qu'ils refusent que les déchets nucléaires produits à l'extérieur de la province soient un jour enfouis ici. «Cela a toujours été clair depuis Robert Bourassa: il n'est pas question de prendre au Québec les déchets nucléaires des autres provinces», a-t-il indiqué en entrevue.

Or la Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN), qui cherche un lieu où enfouir tous les déchets irradiés canadiens, a clairement indiqué qu'une municipalité qui se porte volontaire sans l'accord de sa province serait désavantagée.

La Société fédérale, dont fait partie Hydro-Québec, a pour mandat d'organiser le processus de sélection d'un lieu d'enfouissement pour les quelque 2 millions de grappes d'uranium radioactives qui ont alimenté les centrales nucléaires du pays depuis 40 ans. Le Québec est responsable de 3,8% de ces grappes.

Le Devoir révélait hier qu'un projet d'enfouissement de carburant irradié était à l'étude à Blanc-Sablon, sur la Basse-Côte-Nord. Poussé par l'entreprise Securad, celui-ci a toutefois peu de chance de voir le jour vu l'opposition rencontrée à l'Assemblée nationale et la tiédeur de certains maires de la région.

« (L'entreprise) peut bien regarder différents scénarios, mais notre position est claire sur le sujet, a ajouté le ministre. Et cela n'est pas que la position d'un parti, c'est la position de tous les partis.»