Les Québécois pourront continuer à polluer l'air avec le chauffage au bois, malgré les normes plus sévères désormais imposées aux fabricants de poêles.

Dès le 1er septembre, un règlement leur interdira de fabriquer et vendre des poêles à bois qui n'atteignent pas la norme américaine EPA (Environmental Protection Agency).

Mais Québec peut sembler enfoncer une porte ouverte dans ce dossier, puisque c'est en général ce type de poêle qu'on trouve déjà sur le marché et qui est le plus vendu.

Au total, l'intervention du gouvernement paraît bien peu coercitive. Car en vertu du nouveau règlement, rendu public mardi par la ministre du Développement durable et de l'Environnement, Line Beauchamp, les propriétaires d'un poêle non conforme à la norme EPA ne seront pas tenus de s'en départir.

De plus, rien n'empêchera quiconque d'installer un poêle dans sa maison, même s'il est documenté que ce type de chauffage constitue une source non négligeable de pollution atmosphérique.

De son côté, la Ville de Montréal a compris l'importance de l'enjeu en interdisant récemment d'installer un poêle à bois dans toute nouvelle construction sur son territoire.

Mais cela n'a pas incité la ministre Beauchamp à abonder dans le même sens pour tout le Québec.

«Je n'y vois pas de contradiction. Au contraire», a commenté la ministre, en conférence de presse, en disant cependant «comprendre» le geste des autorités de la métropole, qui voulaient combattre le smog.

Le chauffage au bois résidentiel représente la principale source d'émission des particules fines qui contribuent à la formation de smog.

En rendant public le nouveau règlement, qui porte sur la fabrication et non l'utilisation de ce genre d'appareils, la ministre a dit compter sur le temps pour régler le problème environnemental associé au chauffage au bois.

«A l'échelle de tout le territoire québécois, cela ne m'apparaissait pas opportun d'aller jusqu'à des mesures extrêmes d'interdiction du poêle à bois», a-t-elle ajouté.

Les Québécois sont friands de chauffage au bois, bien qu'il s'agisse d'une source de pollution pouvant causer des ennuis de santé, d'ordre respiratoire et autre.

Au moins, les appareils désormais autorisés rejettent jusqu'à 10 fois moins de fines particules toxiques dans l'air que les appareils conventionnels.

On compte environ 1 million de poêles dans les résidences du Québec, et il s'en vend 45 000 de plus chaque année.

Les fabricants qui ne s'ajusteront pas d'ici septembre s'exposent à des amendes pouvant atteindre 250 000 $.

Les propriétaires de poêles à bois conventionnels qui voudraient changer leur appareil pour un modèle moins polluant et certifié pourront se prévaloir, d'ici la fin de l'année, du crédit d'impôt à la rénovation, annoncé dans le dernier budget du gouvernement, en mars.