L'ancien vice-président américain et prix Nobel de la Paix Al Gore a appelé mercredi le Congrès américain à prendre au plus vite de «décisions audacieuses» contre le réchauffement climatique, pour faire des États-Unis le fer de lance de la bataille pour l'environnement.

«Je crois vraiment que notre pays est le seul au monde qui puisse vraiment diriger la communauté internationale» sur ce sujet, a déclaré M. Gore, devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, dans la perspective du sommet de l'ONU sur le climat à Copenhague à la fin de l'année.

L'Union européenne pourra probablement jouer ce rôle à l'avenir, à condition qu'elle parvienne à «un plus haut niveau d'unité» et se dote d'institutions plus fortes, a ajouté M. Gore, figure incontournable de la lutte contre le réchauffement climatique.

Rompant avec la politique de l'administration Bush, le président américain Barack Obama a lui-même déclaré lundi vouloir montrer «clairement au monde entier que l'Amérique est prête à prendre la tête» de ce combat.

Pour atteindre cet objectif, M. Gore a appelé les parlementaires américains à «prendre des décisions audacieuses dès maintenant» en adoptant sans tarder le plan de relance de l'économie de M. Obama, dont il a salué les aspects environnementaux, comme les investissements dans les énergies renouvelables.

«Ces investissements cruciaux vont créer des millions de nouveaux emplois et accélérer le redémarrage de notre économie (...) et commencer à résoudre la crise climatique», a-t-il dit, soulignant que relance de l'économie et environnement étaient compatibles.

Il ne doit pas y avoir de «faux choix» entre le mode de vie des Américains et le combat pour l'environnement, a-t-il assuré.

Si le Congrès «agit tout de suite» pour voter ce plan de relance, et en outre «met en place des mesures décisives cette année» pour plafonner les émissions de gaz à effet de serre, la délégation américaine se rendra à Copenhague forte d'une «autorité retrouvée pour conduire le monde vers un traité juste et efficace» pour l'environnement, a-t-il ajouté.

Les pays du monde entier doivent se réunir fin décembre dans la capitale danoise pour mettre au point le traité qui devra déterminer la part d'efforts de chacun, pays industrialisés et en développement, pour réduire leurs rejets polluants sur la période postérieure à 2012.

A ce jour, seuls les 37 pays industrialisés (tous, sauf les Etats-Unis) qui ont ratifié le protocole de Kyoto sont soumis à des contraintes de réduction de leurs émissions polluantes sur la période 2008-2012.

«Un traité juste, efficace et équilibré permettra de dresser l'ossature d'un dispositif qui, juste avant qu'il ne soit trop tard, mettra enfin le monde sur la bonne voie pour résoudre la crise climatique et assurer l'avenir de la civilisation humaine», a dit M. Gore aux sénateurs.

M. Gore, qui a remporté un Oscar pour son documentaire «Une vérité qui dérange» consacré au réchauffement de la planète, a également insisté sur l'importance de tenir les engagements fixés par la communauté internationale pour se mettre en ordre de marche dès l'expiration de la première phase du Protocole de Kyoto fin 2012.

«Le traité doit être négocié cette année (2009). Pas l'année suivante. Cette année», a-t-il insisté.

Devant les sénateurs, Al Gore a justifié ses propos en montrant 57 diapositives illustrant la fonte des glaces, la déforestation ou encore la sécheresse.

«Comment pourrions-nous nous permettre» de ne pas agir?, a-t-il lancé, estimant que le climat était «le plus grand défi auquel le monde ait jamais fait face», à l'exception de la menace d'une guerre nucléaire.