Les maires qui bloquent l'adoption d'une réglementation sévère sur l'utilisation des poêles à bois «prennent la population en otage» pour des raisons électoralistes, estiment les environnementalistes.

Le Conseil régional de l'environnement de Montréal (CRE) a été outré d'apprendre, par l'entremise de La Presse, que des mesures sévères visant à restreindre l'utilisation des poêles à bois dans l'île avaient été mises sur la glace en raison du mécontentement de certains élus de l'île.

 

«Les maires prennent la population en otage, sous prétexte qu'ils ne veulent pas obliger leurs électeurs à changer leur comportement. C'est inacceptable», a lancé André Porlier, directeur du CRE.

Pour M. Porlier, comme pour d'autres environnementalistes, l'approche volontaire a fait son temps, car elle ne diminue en rien le nombre de poêles à bois à Montréal.

«On est encore à l'ère de la déréglementation, déplore André Bélisle, de l'Association de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA). On espère encore pouvoir changer les habitudes des gens sur une base volontaire. Ça ne marche tout simplement pas!»

M. Bélisle estime qu'il faut aller de l'avant avec une «réglementation stricte». Il propose que l'émission d'un permis soit obligatoire pour quiconque souhaite inclure un foyer ou un poêle dans une nouvelle construction.

«À Rivière-des-Prairies, où il y a une forte concentration de poêles à bois, on pourrait même permettre l'ajout d'un poêle à bois certifié seulement si l'on en retire un qui ne l'est pas», indique-t-il.

L'industrie

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'Association des professionnels du chauffage souhaite aussi que la Ville se dote d'une approche plus musclée. «La problématique à laquelle on est confrontée vient du laxisme réglementaire des autorités, note Ghyslain Bélanger, directeur de l'APC. On n'en serait pas là (en termes de pollution atmosphérique) si on avait réglementé avant la crise du verglas, comme on le demandait déjà à l'époque.»

L'Association est évidemment contre l'interdiction des poêles à bois, lui préférant l'instauration de normes plus sévères ainsi que la création d'un programme de subventions à la conversion. Selon l'APQ, les appareils répondant aux normes américaines, comme celles qu'entend adopter le gouvernement du Québec, réduisent de 60% à 90% les émissions de particules.

«Voilà pourquoi nous proposerons aux consommateurs un rabais de 300$, dès le 1er février, lorsqu'ils nous rapporteront leurs vieux poêles à bois et en rachèteront un certifié. Notre souhait est de voir la Ville bonifier ce programme», précise M. Bélanger.