La conférence de Poznan sur le climat n'a plus que deux jours pour achever ses travaux et espère que l'arrivée jeudi d'une centaine de ministres de l'Environnement et du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon stimulera les débats.

La conférence, qui s'est fixé peu d'ambitions, piétine, et l'arrivée des ministres et de plusieurs personnalités dont M. Ban devrait lui donner plus d'énergie.

Mais jeudi sera aussi la journée de tous les risques pour le climat alors que l'Union européenne doit enfin s'accorder sur son plan climat-énergie, qui la divise encore profondément. Un échec à Bruxelles serait, de l'avis général, catastrophique pour Poznan.

«Il est sûr que si Poznan avait eu lieu dans six mois, après l'adoption du plan climat européen et avec la nouvelle administration américaine, on aurait avancé plus vite», résumait mercredi soir le ministre français de l'Ecologie Jean-Louis Borloo.

Une centaine de ministres de l'Environnement sont attendus pour mettre sur orbite d'ici vendredi soir la négociation du futur accord climatique qui relaiera le Protocole de Kyoto - dont les premiers engagements expirent en 2012 - et éviter à la planète Terre les pires plaies climatiques: sécheresses, inondations, pénuries d'eau, migrations massives et même conflits armés pour le contrôle des ressources.

Vendredi soir - ou plus vraisemblablement samedi matin -, conformément à la «Feuille de route de Bali» qu'elle a adoptée l'an dernier, la communauté internationale disposera d'un an, jusqu'en décembre 2009 à Copenhague, pour accoucher d'un nouveau traité ambitieux.

«Nous avançons beaucoup trop lentement ici», a regretté mardi soir l'économiste britannique Nicholas Stern, auteur d'un rapport de référence sur le coût du changement climatique.

Les scénarios, élaborés par les scientifiques du GIEC, le groupe d'experts international, conduiraient le thermomètre à une surchauffe de près de 6°C.

«Mais 5°C (de plus), les humains n'ont jamais subi quelque chose d'approchant!», insiste Sir Nicholas, évoquant la perspective d'une Europe du Sud transformée en Sahara ou d'un Bangladesh sous les eaux.

Pour le GIEC, les émissions de GES devraient donc cesser d'augmenter d'ici sept ans, puis plonger vers une réduction de moitié d'ici 2050.

Or les pays de l'Annexe 1 (industrialisés), censés renouveler leurs objectifs de réduction au titre du Procotole de Kyoto, discutent toujours âprement de la référence chiffrée et à la fourchette de «-25 à -40%» en 2020 dans leur dernier brouillon. «Ca me rend malade», a commenté jeudi le chef de la délégation malienne, Mama Konate.

Même exaspération du ministre sud-africain Marthinus van Schalkwyk dans un entretien à l'AFP: «C'est très difficile: les pays développés n'avancent pas de propositions et ils ne font pas ce à quoi ils se sont engagés à Bali».

«Nous voulons des engagements sans équivoque. Si nous n'avions pas d'accord sur ce point (à Poznan), ce serait incontestablement une déception».

«Il y a une discussion sur la manière de dire cela», résume en termes très diplomatiques Brice Lalonde, l'ambassadeur de France pour le climat.

«Poznan n'a jamais été une conférence dont on devait attendre un résultat spectaculaire», a-t-il rappelé. «Il n'y aura jamais qu'une souris à la sortie».

Il est vrai que le rendez-vous polonais était destiné à préfigurer le cadre de la négociation active, à partir de l'an prochain.

Mais même le patron du climat aux Nations unies, Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la Convention sur les changements climatiques, s'emploie à modérer les espérances sur ce point: il jugeait mardi qu'il n'était pas «faisable» d'avoir un accord détaillé dans un an. Tout en espérant, malgré tout, un texte «ratifiable» par les 192 pays de la Convention.