La Pologne, pays hôte de la conférence de l'ONU du 1er au 12 décembre à Poznan (ouest) sur les changements climatiques, reste très dépendante du charbon, l'énergie la plus nocive pour la nature, ce qui ne facilite pas ses négociations sur le climat.

Dans ce pays de 38 millions d'habitants, qui reste de loin le premier producteur de charbon dans l'UE, 94% de l'électricité est produite à partir de cette matière, très abondante en Silésie (sud). En Allemagne c'est 60% et en France seulement 10%.

La Pologne émet chaque année environ 9 tonnes de dioxyde de carbone (CO2) par habitant, soit environ le double de la moyenne européenne.

Cette production très polluante d'électricité, «c'est l'héritage de l'époque communiste», explique à l'AFP Wladyslaw Mielczarski de l'Institut Européen de l'Energie, une plate-forme de réflexion scientifique.

Depuis la chute du régime communiste en 1989, «les émissions des poussières, des oxydes de souffre et d'azote ont été pratiquement éliminées, mais quand on a du charbon, on a aussi du CO2» difficile à intercepter, indique-t-il.

Pourtant, la Pologne se vante de résultats significatifs: grâce notamment à la fermeture de nombreux sites de son industrie lourde très polluante, ce pays a largement respecté l'objectif fixé à Kyoto de réduire les émissions de CO2.

La Pologne en est actuellement à 32% de baisse par rapport à 1988 (au lieu de 6% requis), malgré une croissance soutenue et un développement fulgurant du parc automobile qui a presque triplé en vingt ans.

Pourtant, le charbon restera longtemps dominant en Pologne, estiment les experts. Ce pays ne dispose pas d'autres combustibles ni de conditions naturelles pour développer à grande échelle les éoliennes ou les centrales hydrauliques.

«La Pologne n'est pas prête non plus, ni légalement, ni financièrement, ni psychologiquement, pour lancer un vaste programme d'énergie nucléaire», estime M. Mielczarski.

Le gouvernement polonais semble miser sur les économies d'énergie et les nouvelles technologies de combustion de charbon pour atteindre les objectifs fixés par l'Union européenne.

L'UE veut réduire de 20% ses émissions de CO2 à l'horizon de 2020 par rapport à 1990, porter à 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation et faire 20% d'économies d'énergie.

Bruxelles a proposé un système de quotas des émissions de CO2 et la mise aux enchères de chaque tonne de CO2, suivant le principe pollueur/payeur.

La Pologne et plusieurs autres pays d'Europe centrale, frappés par des réductions des quotas, ont attaqué la Commission devant la Cour de justice de Luxembourg.

Varsovie craint des hausses importantes des prix de l'énergie, dans un système d'enchères exposé aux spéculations des marchés.

La Pologne demande à Bruxelles une fourchette des prix encadrant les enchères et des quotas gratuits pour les producteurs d'énergie appliquant les technologies les plus modernes.

Pour avancer sur le paquet climat-énergie dans la perspective de la conférence de Poznan, la présidence française de l'UE a proposé d'accorder gratuitement jusqu'en 2016 au moins la moitié des permis d'émissions de CO2 aux pays dont 60% ou plus de l'électricité proviennent de centrales thermiques fonctionnant au charbon. Mais Varsovie a rejeté cette proposition.

Le président français Nicolas Sarkozy cherchera un compromis le 6 décembre à Gdansk (nord) lors d'une rencontre avec le Premier ministre polonais et ses homologues de huit autres pays de l'Est.

L'aval de chaque pays est essentiel, puisque Varsovie a obtenu que l'accord définitif au projet de plan d'action européen climat-énergie ne soit donné qu'au plus haut niveau, à l'unanimité, au cours du prochain sommet européen, les 11 et 12 décembre à Bruxelles.

La Pologne n'est pas le seul Etat membre à négocier ferme. L'Italie a également menacé d'un veto, alors que l'Allemagne et la Belgique ont exigé des quotas d'émissions de CO2 gratuits pour des secteurs clefs de leur économie.

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