Le gouvernement Harper croit que l'élection de Barack Obama à la Maison-Blanche pourrait permettre de conclure une nouvelle entente entre le Canada et les États-Unis pour lutter contre les changements climatiques sur le continent nord-américain.

Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a salué hier la victoire historique de Barack Obama aux élections présidentielles de mardi. S'il croit que son arrivée au pouvoir ne chamboulera pas les relations «harmonieuses» entre les deux pays, M. Cannon estime tout même que les propositions de M. Obama pour réduire les émissions de gaz à effet de serre pourraient mener à «une approche continentale».

La question des changements climatiques a été un des enjeux de la campagne présidentielle. Barack Obama s'est notamment prononcé en faveur de l'instauration d'un système de quotas d'émissions aux entreprises et un marché de droits d'émission (cap and trade en anglais). Il a aussi évoqué l'objectif de réduire d'ici 2050 les gaz à effet de serre de 80% par rapport aux niveaux de 1990.

«Il y a beaucoup de similarités entre notre position et les positions exprimées par M. Obama. Je pense que cela ouvre effectivement la porte à une approche nord-américaine. C'est donc intéressant pour s'attaquer à des questions comme les changements climatiques», a déclaré M. Cannon dans une entrevue accordée à La Presse.

Le ministre a ajouté que le gouvernement Harper était ouvert à l'idée d'introduire un système d'émissions de quotas au pays.

Sous la houlette de George W. Bush, les États-Unis ont longtemps nié la réalité du changement climatique et se sont opposés à tout accord international qui imposerait des conditions contraignantes. Les États-Unis, qui sont le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, sont à ce jour le seul pays industrialisé à ne pas avoir ratifié le protocole de Kyoto.

En juillet, le premier ministre Stephen Harper avait déjà laissé entendre que les États-Unis deviendraient un interlocuteur plus sérieux sur la question des changements climatiques une fois que George W. Bush aura quitté la Maison-Blanche.

Le protocole de Kyoto, un accord international ratifié par 180 pays, dont le Canada, prend fin en 2012.

Par ailleurs, M. Cannon s'est dit convaincu que la promesse de modifier l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) de Barack Obama pourra être réalisée en utilisant les mécanismes existants de cet accord commercial. Nul besoin de déchirer l'accord actuel pour y arriver, selon lui.

«L'ALENA a été très bénéfique pour les deux pays. Il y a 1,7 milliard de dollars en biens et services qui transitent chaque jour entre le Canada et les États-Unis. C'est immense. Il y a eu des différends dans le passé entre les deux pays depuis le début de cet accord, mais nous avons toujours été capables de les régler. Je pense notamment au dossier du bois d'oeuvre. Donc, les mécanismes existent déjà. Cela offre une stabilité économique entre les deux pays. Nous sommes capables de régler les différends qui peuvent survenir sans déchirer l'accord», a dit le ministre.

M. Cannon a aussi affirmé que le Canada a toujours la ferme intention de retirer ses 2500 soldats de l'Afghanistan, même si l'administration que dirigera Barack Obama à partir du 20 janvier 2009 compte déployer 15 000 soldats de plus dans ce pays ravagé par des années de guerre.

Dans les rangs conservateurs, par ailleurs, on souhaite ardemment que le nouveau président choisisse le Canada comme première destination pour son premier voyage à l'étranger.

En 2000, le président Bush avait rompu avec cette tradition selon laquelle le nouveau locataire de la Maison-Blanche fait sa première visite à l'étranger au Canada, son principal partenaire commercial. M. Bush s'était plutôt rendu au Mexique, ce qui avait causé un certain émoi à Ottawa au sein du gouvernement libéral de Jean Chrétien et dans le milieu des affaires.

Dans un communiqué de presse publié tard mardi soir après la victoire de M. Obama, le premier ministre Stephen Harper a dit souhaiter pouvoir rencontrer le président élu dès que possible «afin que nous puissions continuer de resserrer les liens privilégiés qui unissent le Canada et les États-Unis».