La circulation sur un tronçon élargi de 68 kilomètres de la route élargie 175 qui relie les villes de Québec et Saguenay s'est avérée dévastatrice pour plusieurs espèces d'animaux de la forêt selon ce qu'ont constaté des chercheurs universitaires.

Entre 2006 et 2012, le ministère des Transports a élargi un tronçon de cette route pour la faire passer de deux à quatre voies, avec un terre-plein séparant les chaussées.

Ainsi, afin de réduire le taux de mortalité faunique et l'effet de barrière de la route, le ministère a aménagé 33 passages à faune inférieurs et une clôture de 200 mètres de longueur de part et d'autre de chaque passage à faune.

Durant quatre étés, de 2012 à 2015, une équipe dirigée par Jochen Jaeger, professeur agrégé au Département de géographie, d'urbanisme et d'environnement de l'Université Concordia, a parcouru presque chaque jour en voiture le tronçon de 68 kilomètres, dans les deux sens, pour dénombrer les animaux morts. En tout, l'équipe a recensé près de 900 carcasses, mais le professeur Jaeger croit ce chiffre est en réalité plus important.

On comptait surtout des porcs-épics, mais aussi des ratons laveurs, des marmottes, des renards roux, des mouffettes, des lièvres d'Amérique et des écureuils. Pour le professeur Jaeger, il y a tant de porcs-épics tués le long de la route 175 qu'il craint que leur population en soit affectée de manière permanente car leur taux de reproduction est très faible, un couple de porcs-épics n'ayant qu'un bébé par an.

L'équipe du professeur Jaeger a examiné la mortalité routière dans les espaces complètement clôturés, les zones situées près des extrémités des clôtures, et les zones éloignées des clôtures. Elle a découvert que la mortalité routière était plus importante aux extrémités des clôtures, ce qui signifie que certains des animaux s'éloignent des passages à faune et longent la clôture pour chercher une sortie.

Lorsqu'ils la trouvent, ils essaient de traverser la route et se font tuer.

Le professeur Jarger croit que les clôtures doivent être rallongées pour dissuader les animaux de les longer et ainsi réduire la mortalité routière.

L'article du professeur Jaeger est publié dans la revue Journal of Environmental Management ; il a été corédigé avec Judith Plante et André Desrochers de l'Université Laval.