La moitié des populations de saumon quinnat, aussi appelé saumon du Pacifique ou saumon chinook, sont en voie de disparition et la plupart des autres sont en déclin, selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.

D'après ce qu'a révélé le comité, lundi, huit des 16 populations de saumon quinnat sont considérées en voie de disparition, alors que quatre autres sont menacées et qu'une est qualifiée de préoccupante.

Une seule des 16 populations de saumon quinnat, celle de la rivière Thompson en Colombie-Britannique, est jugée stable. L'état des deux dernières populations présentes au Canada demeure inconnu.

L'épithète «en voie de disparition» représente le niveau de menace le plus sérieux selon les critères du comité. Une étape qui laisse entendre que la population est sur le point d'être anéantie.

«Dans certaines populations, on présume qu'il reste moins de 200 poissons», rapporte John Neilson, membre du comité et biologiste des pêches à l'Université Simon Fraser.

«À ce niveau, on s'inquiéterait pour ces cheptels. C'est pourquoi on sonne l'alerte.»

Le saumon quinnat est à la fois une source de pêcherie importante en Colombie-Britannique et un animal au coeur de la vie et de la culture des peuples autochtones. John Neilson affirme que la nouvelle évaluation est la plus complète jamais réalisée par le comité sur ce poisson.

«En considérant d'autres études et les connaissances générales sur la situation du saumon en Colombie-Britannique, il y a beaucoup d'inquiétude, renchérit l'expert. Ce sont les populations qui ont le plus besoin d'attention.»

Les scientifiques pensent que le principal problème se trouve dans la partie de la vie des saumons passée dans l'océan.

Certains croient que le nombre croissant de phoques et d'otaries, qui se nourrissent de poisson, cause ces déclins. D'autres pensent que le réchauffement et l'acidification de l'océan commencent à affecter la chaîne alimentaire dont dépend le saumon.

«C'est une histoire complexe», reconnaît John Neilson.

Celui-ci estime qu'il est temps que le gouvernement fédéral utilise son pouvoir pour protéger le poisson et son habitat. Le comité plaide d'ailleurs pour une intervention rapide.

La Loi sur les espèces en péril permet à Ottawa d'émettre des ordonnances de protection d'urgence pour contrôler les interventions humaines dans les habitats normalement régis par les provinces.

Le fédéral a déjà utilisé ce pouvoir à deux reprises pour protéger la rainette faux-grillon de l'ouest et le tétras des armoises.

La ministre fédérale de l'Environnement, Catherine McKenna, a dit ne pas avoir encore vu le rapport du comité, mais qu'elle y donnerait suite.

«Nous comprenons qu'il est extrêmement important de protéger et de conserver notre faune indigène. Nous devons remplir nos obligations en vertu de la Loi sur les espèces en péril», a-t-elle commenté.

Mme McKenna a souligné que certaines mesures ont déjà été prises pour protéger et rétablir les cheptels de saumon quinnat.

Par ailleurs, le comité a publié les évaluations de deux autres espèces.

Il recommande qu'aucune modification ne soit appliquée aux ours polaires, désormais considérés comme une espèce préoccupante.

Le comité a également examiné le frêne noir, un arbre urbain commun dans les parcs municipaux de Toronto, Montréal et Ottawa. Il a constaté qu'au cours des 20 dernières années, une espèce envahissante de coléoptères appelée agrile du frêne a causé la mort d'environ deux milliards de frênes dans la région des Grands Lacs.

Le frêne noir est considéré comme une «espèce menacée».