Santé Canada propose d'éliminer progressivement l'usage de pesticides à base de néonicotinoïdes, malgré les conclusions d'une nouvelle étude qui indiquent que les abeilles ne seraient affectées que dans certaines circonstances.

La recommandation de Santé Canada d'éliminer l'imidaclopride dès l'an prochain survient le même jour que la publication d'une lettre ouverte dans la revue Science, signée par 200 scientifiques.

Ceux-ci demandent aux gouvernements «de conclure des accords nationaux et internationaux afin de restreindre considérablement» l'utilisation des néonicotinoïdes et «d'empêcher l'homologation d'autres produits agrochimiques nocifs» à l'avenir.

En 2012, l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire du Canada a commencé à étudier les pesticides à base de néonicotinoïdes, utilisés régulièrement par les agriculteurs et les horticulteurs, à la suite de découvertes scientifiques indiquant qu'ils étaient liés à un taux de mortalité élevé chez les abeilles.

L'agence a réalisé de nombreuses études sur trois différents types de néonics et leurs impacts. En 2016, l'organisme a conclu que l'un de ces néonics, l'imidaclopride, s'accumulait dans les eaux de surface et les eaux souterraines causant la mort de nombreux insectes aquatiques. L'agence avait alors recommandé de bannir l'usage d'imidaclopride.

Cette étude ne tenait toutefois pas compte de l'impact sur les pollinisateurs, comme les abeilles. Une nouvelle enquête a démontré que les abeilles n'étaient affectées que dans certaines circonstances de l'application des pesticides.

Néanmoins, Santé Canada maintient la décision de départ d'éliminer ce type de néonics dès l'an prochain. Le ministère va recueillir les commentaires du public pour une période de 90 jours et devrait publier sa décision définitive en décembre.

Lisa Gue, analyste de politique en santé environnementale pour la Fondation David Suzuki, considère que les analyses de Santé Canada ne sont pas aussi exhaustives que celles réalisées en Europe, mais elle se réjouit de voir l'agence aller de l'avant pour éliminer progressivement les néonicotinoïdes.

«Les décisions du Canada sont beaucoup moins protectrices que celles de l'Union européenne», a toutefois déploré Mme Gue.

L'Autorité européenne de sécurité des aliments a confirmé, en février, que la plupart des usages de néonics représentent un risque pour les abeilles. En avril, l'Union européenne a voté en faveur de l'interdiction totale des néonicotinoïdes à la fin de l'année 2018, à l'exception de l'usage en serre.

L'an dernier, Santé Canada avait aussi recommandé de limiter l'utilisation de deux autres types de néonics, la clothianidine et le thiaméthoxame, et d'éliminer progressivement leur usage direct sur les cultures et les pelouses.