Après le resserrement des règles de pêche au crabe dans l'Atlantique, le gouvernement fédéral étend ses restrictions à la pêche au hareng dans l'ouest du pays. Dans l'espoir de rétablir les stocks, il est interdit de pêcher le hareng pour le reste de l'année dans un large secteur du Pacifique, au large de l'île de Vancouver. De nouveaux quotas seront aussi annoncés dans les prochains jours pour le hareng du golfe du Saint-Laurent.

Cette décision vise à protéger le hareng, très prisé en Asie pour ses oeufs et sa carcasse servant à fertiliser les terres agricoles. Or, le hareng est aussi l'une des sources principales de nourriture de certains mammifères marins vulnérables : baleines à bosse, orques, lions de mer, mais aussi le saumon quinnat dont le nombre d'individus chute dramatiquement dans les eaux du Pacifique. Les ours de mer et les loups marins sont aussi touchés par la baisse des stocks de hareng.

POINT DE NON-RETOUR

Au ministère des Pêches et des Océans, on a expliqué à La Presse avoir consulté les pêcheurs commerciaux, des membres des Premières Nations et des intervenants du milieu avant l'ouverture de la nouvelle saison de pêche dans l'Ouest canadien. Des études scientifiques ont aussi démontré qu'il y a un risque de point de bascule du rétablissement de l'espèce.

Malgré la menace, la pêche au hareng demeure permise dans les eaux plus au sud de l'île de Vancouver, avec un taux d'exploitation maximum de 20 %. « On juge le taux conservateur grâce à une grande proportion de la population adulte de harengs et des juvéniles qui sont en place pour soutenir les processus [changement d'état] écosystémiques », a précisé Vance Chow, conseiller principal en communications chez Pêches et Océans.

PÊCHE TRADITIONNELLE

Joe Martin est un Amérindien tlaoquiaht natif de Tofino, un village de la côte ouest de l'île de Vancouver reconnu pour sa réserve naturelle. Le sculpteur de canoës traditionnels prône un meilleur encadrement de la pêche. Selon lui, l'industrie de la pêche devrait s'inspirer des méthodes traditionnelles qui consistent à recueillir les oeufs tout en permettant au poisson de frayer un autre jour.

« Autrefois, les eaux regorgeaient de harengs. On n'a pas besoin d'être un scientifique pour observer à l'oeil nu qu'il y a moins de poissons. On constate aussi que le nombre de lions de mer diminue chaque année. Les ours se font plus rares, eux aussi. »

DU HARENG À LA TONNE

Les stocks de hareng sont en baisse depuis deux décennies au Canada. Malgré des données inquiétantes, la prise de 42 500 tonnes de hareng a été autorisée en 2016-2017 dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse et la baie de Fundy. Il s'agit tout de même d'une diminution de 15 % par rapport aux 50 000 tonnes autorisées par le passé.

En vertu du plan de gestion fédéral actuel, il est interdit de pêcher en décembre, février, mars et avril. Et dans la région de Terre-Neuve-et-Labrador, les règles prévoient la prise de 14 842 tonnes au maximum.

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UN POISSON PRISÉ


On pêche le hareng pour la consommation et comme appât. Les prises peuvent être exportées fraîches ou après avoir été fumées, congelées, marinées, saumurées ou mises en conserve en tant que sardines. On le pêche aussi pour ses oeufs. Les produits de la pêche canadienne du hareng sont destinés aux marchés du Japon, des États-Unis et de la République dominicaine. Les oeufs du hareng, sa partie la plus précieuse, sont réservés au marché japonais.

Source : Pêches et Océans Canada

Andrew Vaughan, Archives La Presse Canadienne

Dead herring lie on the shore in Savary Provincial Park in Plympton, N.S. on Thursday, Dec. 29, 2016. Scientists say they don't know the cause of the deaths but continue to look for answers. THE CANADIAN PRESS/Andrew Vaughan