La saison hivernale de mise bas pour les baleines noires de l'Atlantique Nord tire à sa fin sans que les biologistes aient signalé de nouveau-nés au large de la côte sud-est des États-Unis, un phénomène sans précédent depuis trente ans qui fait craindre le pire pour cette espèce menacée d'extinction.

Les biologistes marins recherchent depuis décembre la présence de nouveau-nés au large de la Floride et de la Georgie, là où les baleines franches mettent habituellement bas, dans les eaux plus chaudes de l'Atlantique.

Les sentinelles expérimentées n'ont rien vu jusqu'ici, et leurs recherches du haut des airs prennent fin vendredi. Barb Zoodsma, responsable des baleines noires pour le sud-est des États-Unis au Service national de la pêche maritime, ne s'attend pas à des signalements d'ici là. Si ses prédictions s'avèrent, il s'agirait d'une première depuis que les observations ont commencé en 1989.

Cette absence apparente de naissances n'augure rien de bon. Les scientifiques estiment qu'il ne reste plus que 450 baleines noires de l'Atlantique Nord sur la planète, et l'espèce a subi l'an dernier de lourdes pertes: 17 cadavres de baleines se sont échoués sur les rives américaines et canadiennes l'an dernier, soit trois ou quatre fois plus que les cinq naissances observées cette année-là. Une autre baleine noire a été retrouvée morte au large de la Virginie en janvier.

Depuis une trentaine d'années, les baleines noires donnent naissance en moyenne à 17 baleineaux chaque année, mais depuis 2012, les naissances ont été en général en deçà de cette moyenne annuelle.

Les scientifiques poursuivront quand même leurs observations alors que les baleines noires remonteront la côte pour venir se nourrir plus au nord. Des chercheurs espèrent aussi que des baleineaux sont nés cet hiver au large des Caroline et de la Virginie, des secteurs qui ne sont pas survolés par les sentinelles.

Il est aussi possible que les baleines noires se préparent à une «revanche des berceaux» l'an prochain - les femelles prennent en général une pause de trois ans, parfois plus, entre les grossesses. On avait ainsi observé une seule naissance en 2000, mais 31 l'année suivante.

Des recherches démontrent que les femelles meurent aujourd'hui avant l'âge de 30 ans - soit moins de la moitié de leur espérance de vie. Et les femelles qui ont mis bas l'an dernier ne l'avaient pas fait depuis sept ou huit ans.

Devant toutes ces incertitudes, les chercheurs soutiennent qu'il est d'autant plus crucial d'éliminer les facteurs humains de l'équation - collisions avec des navires et empêtrement dans des filins de pêche.