Des groupes écologistes et le Parti vert demandent l'arrêt des travaux de prolongement de rue dans le Technoparc Saint-Laurent afin de protéger l'habitat d'une espèce d'oiseau menacée, le petit blongios.

Ils ont demandé - sans succès jusqu'ici - l'intervention de la ministre fédérale de l'Environnement Catherine McKenna, citant l'exemple du décret d'urgence qu'elle a adopté cet été pour protéger l'habitat de la rainette faux-grillon à La Prairie.

Les premières observations de cet oiseau sont attribuées à l'ornithologue Joël Coutu, qui a fourni à La Presse une photo de jeunes petits blongios, la preuve qu'il s'agit d'un lieu de nidification de l'espèce.

Le Programme de rétablissement du petit blongios, adopté en 2014, en a répertorié 48 au Québec, mais pas celui-ci. Ces lieux comprennent tous une zone de protection de 500 mètres de rayon, ce qui engloberait la nouvelle rue.

Le marais, situé au nord de l'aéroport Montréal-Trudeau, est devenu un rendez-vous pour les ornithologues, qui ont pu y observer plus d'une centaine d'espèces d'oiseaux.

C'est le même secteur qui a été porté à l'attention des promoteurs du Réseau électrique métropolitain.

Le marais est situé tout près de l'Éco-Campus Hubert-Reeves. Ce projet se veut un pôle d'entreprises des technologies environnementales. Les travaux en cours visent la construction de la première rue de cet ensemble immobilier.

LE MAIRE DÉFEND LE PROJET

Le maire de l'arrondissement de Saint-Laurent, Alan DeSousa, défend le projet, qui est l'aboutissement de 15 ans de planification et de concertation. « On croit toujours que c'est un projet exemplaire », dit-il.

La rue en construction s'avance entre les deux principaux milieux humides du secteur, un marais et un marécage, mais le plan d'aménagement prévoit leur préservation et la création d'un parc de 48 hectares.

« Le Ministère nous a donné l'autorisation pour faire les travaux, qui incluent une rue et une digue pour protéger le milieu humide que j'appelle le Grand Marais », affirme-t-il.

Il ajoute n'avoir eu aucune nouvelle de Mme McKenna ou de son homologue québécois David Heurtel. « Si la ministre [McKenna] avait voulu décréter quelque chose, elle l'aurait fait, elle a eu tout le temps, dit-il. Mais il faut faire les travaux dans le respect des lois et des saisons. Et tout ce qu'on a, c'est trois ou quatre semaines à l'automne. »

En effet, dit-il, les travaux ont été retardés de deux semaines afin d'attendre le départ du petit blongios, un oiseau migrateur.

Alain Branchaud, directeur pour le Québec de la Société pour la nature et les parcs (SNAP-Québec), estime que les conditions juridiques pour l'adoption d'un décret ne sont pas réunies dans le cas du petit blongios, mais il dénonce la destruction systématique de milieux humides qui continue de prévaloir dans le sud du Québec.

***

PETIT BLONGIOS

D'une longueur de 30 cm, c'est le plus petit héron d'Amérique du Nord. Il y aurait environ 43 000 couples reproducteurs sur le continent, dont 1500 au Canada. Il a été déclaré menacé en 2003. La perte et la dégradation des milieux humides attribuables aux activités humaines sont la principale menace qui pèse contre l'espèce. Au Québec, 80  % des milieux humides situés le long du fleuve Saint-Laurent ont disparu depuis la colonisation européenne.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Le marais situé tout près de l'Éco-Campus Hubert-Reeves est un lieu de nidification du petit blongio, une espèce d'oiseau menacée.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Le marais situé tout près de l'Éco-Campus Hubert-Reeves est un lieu de nidification du petit blongio, une espèce d'oiseau menacée.