Le Technoparc Saint-Laurent retarde de deux semaines des travaux qui devaient avoir lieu le mois prochain dans un milieu humide fréquenté par une espèce d'oiseau menacée. Son administration a pris cette décision au moment où Québec et Ottawa confirment qu'ils enquêtent sur l'impact environnemental du projet d'Éco-Campus Hubert Reeves.

La mesure permettra d'éviter que les travaux de construction perturbent la nidification des oiseaux qui se trouvent dans le secteur, indique le porte-parole du Technoparc, Carl Baillargeon.

« On ne veut pas prendre de risques, on ne veut pas embêter la nature, on veut que la nature suive son cours, a résumé M. Baillargeon. On repousse de deux semaines parce que tout notre projet est basé sur le respect écologique. »

La Presse a révélé lundi que deux projets - l'Éco-Campus Hubert-Reeves et le train électrique de la Caisse de dépôt et placement - doivent être construits dans un bois du Technoparc qui recèle une riche faune aviaire. Des ornithologues y ont récemment recensé plusieurs spécimens de petit blongios, une espèce menacée.

Dans la foulée du reportage, Québec et Ottawa ont tous deux ouvert des enquêtes sur les projets du Technoparc.

Le ministère fédéral de l'Environnement a récemment adopté un décret d'urgence pour protéger la rainette faux-grillon sur la Rive-Sud de Montréal. Il se penche maintenant sur le cas du petit blongios au Technoparc, a confirmé son porte-parole, Sébastien Gauthier.

« Les agents de la division de l'application de la loi sur la faune d'Environnement et Changement climatique Canada ont effectué une inspection des lieux et le dossier est sous enquête présentement », a-t-il dit, sans commenter davantage.

Des agents fédéraux ont rencontré la direction du Technoparc et des employés de l'arrondissement de Saint-Laurent hier matin. Les échanges ont convaincu la direction de reporter la construction.

« Ils nous ont mis en garde [à propos] des lois, a résumé M. Baillargeon. C'est simplement ça qu'ils ont fait. Selon eux, il n'y a pas de malice, ils nous ont simplement dit : "Soyez très vigilants pour respecter la nidification." »

QUÉBEC AUSSI

Le ministère de l'Environnement du Québec avait délivré deux certificats d'autorisation pour le développement dans le milieu humide du Technoparc, en 2013 et en 2015. À cette époque, la présence de l'oiseau dans le secteur était inconnue, a indiqué la porte-parole du ministre David Heurtel, Mylène Gaudreau.

Le Ministère a donc lui aussi lancé une vérification pour déterminer si le projet est conforme à la loi.

« À la suite d'une plainte reçue, une inspection sera effectuée afin de s'assurer qu'il n'y a pas de travaux non autorisés en milieux humides », a précisé Mme Gaudreau.

La construction de l'Éco-campus doit commencer le mois prochain. On prévoit prolonger une route à travers le milieu humide et bâtir une digue autour d'un marais. Cette stratégie entraînera l'assèchement d'une partie du milieu humide. En revanche, un secteur de 10 hectares restera intact et sera intégré au parc-nature des Sources, un important projet de conservation.