La Cour suprême pakistanaise est revenue vendredi sur sa décision d'interdire la chasse à l'outarde houbara, une espèce menacée d'oiseau du désert que de riches princes du Golfe viennent chaque hiver chasser au Pakistan.

Cette chasse controversée met en lumière l'importance des relations traditionnellement fortes entre le Pakistan et ses alliés du Golfe, notamment l'Arabie saoudite.

Un tribunal provincial du Baloutchistan avait annulé en novembre 2014 tous les permis de chasse pour la province, mais le gouvernement fédéral dirigé par le premier ministre Nawaz Sharif - qui cultive sa proximité avec Ryad - continuait de délivrer des permis.

En août, la Cour suprême avait banni la chasse à l'outarde houbara, une décision saluée par les partisans de la protection de la faune sauvage.

Mais le gouvernement fédéral pakistanais et l'exécutif de la province du Baloutchistan ont demandé à la Cour de revoir cette décision, faisant valoir que la chasse contrôlée est «un outil de préservation» de l'espèce.

Dans un jugement rendu vendredi, la Cour suprême a renoncé à une interdiction totale de la chasse, tout en prévoyant de se pencher à nouveau sur la question lors de nouvelles audiences.

L'Union internationale pour la protection de la nature a classé l'outarde houbara sur sa «liste rouge» des espèces menacées d'extinction, estimant qu'il en reste moins de 97 000 dans le monde à l'état sauvage.

Le ministère des Affaires étrangères avait estimé dans un argumentaire en octobre qu'inviter des dignitaires arabes à chasser était une «pierre d'angle de la politique extérieure du Pakistan».

Nawaz Sharif, ainsi que le puissant chef d'État major le général Raheel Sharif, se sont rendus à Ryad cette semaine pour tenter d'apaiser les tensions entre l'Iran et l'Arabie saoudite.

Le Pakistan entretient des liens militaires solides avec Ryad, et bénéficie de longue date de la générosité de la monarchie pétrolière du Golfe, où Nawaz Sharif avait par ailleurs trouvé refuge lors de ses années d'exil.