Un singe qui éternue sous la pluie ou un poisson «qui marche»: le Fonds mondial pour la nature (WWF) a recensé plus de 200 espèces découvertes récemment dans l'est de l'Himalaya, une initiative visant à sensibiliser aux menaces pesant sur les richesses naturelles de la région

Ce rapport du WWF cite les découvertes scientifiques faites au Bhoutan, dans le nord-est de l'Inde, au Népal, dans le nord de la Birmanie et dans le sud du Tibet.

Parmi elles, le «poisson à tête de serpent qui marche» peut respirer de l'air, survivre quatre jours sur la terre ferme et ramper 400 mètres sur sol humide.

Ont été également trouvés un crotale rouge jaune et orange qui ressemble furieusement à un bijou, un poisson «dracula» à petites dents ou encore de nouveaux types de bananes.

Dans les forêts du nord de la Birmanie, les scientifiques ont fait connaissance en 2010 avec un singe noir et blanc au nez retroussé qui le fait éternuer quand il pleut. Les jours de pluie, il est souvent assis la tête entre les genoux, pour éviter d'avoir le nez rempli d'eau.

Les habitants de cette région du nord de la Birmanie le connaissent bien, mais c'est par des chasseurs que les scientifiques ont entendu parler de ce singe, qu'ils surnomment «Snubby» («Trompette») pour la forme de son nez.

Des chercheurs sont récemment parvenus à prendre des clichés du singe dans l'État birman de Kachin, à la frontière chinoise. Une population a également été observée dans la province chinoise voisine du Yunnan, selon le WWF.

L'organisation souligne que cette espèce devrait figurer sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) avec le statut d'espèce «en danger critique d'extinction».

Coopération internationale capitale

Les 211 espèces nouvelles découvertes entre 2009 et 2014 comprennent 133 plantes, 26 espèces de poissons, 10 amphibiens, 39 invertébrés, un reptile, un oiseau et un mammifère.

Pour Dipankar Ghose, un responsable du WWF en Inde, cette région où se trouve aussi l'Everest, est «un trésor» qui n'a pas encore été totalement exploré par les scientifiques.

La topographie accidentée de cette zone de montagnes et de forêts signifie que de nombreuses espèces ont évolué et survécu pendant des siècles à l'abri de toute influence humaine.

Mais le WWF met en garde contre les menaces fragilisant ces espèces, en particulier la poussée humaine sur leurs territoires, la déforestation, le braconnage, l'exploitation minière et l'hydroélectricité.

Seuls 25 % des habitats naturels sont encore intacts et des centaines d'espèces y sont en danger, selon ce rapport.

«Le défi est de préserver notre écosystème en danger avant que ces espèces - et d'autres encore inconnues - ne disparaissent», a dit Sami Tornikoski, responsable du programme du WWF pour l'Himalaya.

L'ONG appelle à un développement plus durable de cette région, en particulier en construisant des centrales hydroélectriques qui préservent l'environnement et en aidant les communautés locales à s'adapter au changement climatique.

Dipankar Ghose insiste de son côté sur la nécessité d'une coopération entre les différents gouvernements de la région pour mettre en place une approche globale de la gestion de cette région qui trouve un compromis entre les nécessités du développement et les impératifs de la préservation des espèces.

«Les services forestiers d'un pays ne peuvent par exemple pas gérer cela seuls», a-t-il dit à l'AFP. «Une coordination entre les différents ministères est capitale.»