Le comité parlementaire sur les pêches s'est réuni à Ottawa au sujet des forages à Cacouna, mais tout s'est déroulé dans le plus grand secret, les conservateurs ayant fermé les portes au public.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) avait réussi à forcer la tenue de cette réunion d'urgence, après avoir essuyé un premier refus de la part des conservateurs.

Les néo-démocrates voulaient que les scientifiques du ministère des Pêches viennent témoigner pour expliquer leur très bref avis émis avant que ne soit accordée par le fédéral l'autorisation de forage. Ils veulent aussi que le comité étudie en profondeur l'impact de ces travaux sur l'environnement et sur l'habitat naturel du béluga dans le Saint-Laurent.

Ces forages exploratoires sont faits par l'entreprise albertaine TransCanada, qui souhaite construire un port pétrolier au Bas-Saint-Laurent dans le cadre de son projet d'oléoduc Énergie Est.

Mais vu le huis clos imposé à la réunion, pas moyen de savoir ce qui s'y est passé. Par contre, les visages des députés néo-démocrates siégeant au comité en disaient long, comme leur frustration palpable lorsqu'ils ont quitté la rencontre.

«Nous ne pourrons pas la faire», a répété le député François Lapointe, au sujet de l'étude.

«Si c'est si formidable que cela (les études du fédéral) c'est quoi le problème de faire venir des responsables de Pêches et Océans nous dire en quoi c'est si formidable!», s'est-il exclamé.

Et puis, il ne s'explique pas pourquoi les levées sismiques ont donné lieu à un rapport de 20 pages, signé par six scientifiques, et que celui sur les forages n'a généré que deux pages, avec la signature d'un seul biologiste.

«Et il porte seulement sur les conséquences physiques (sur les bélugas), mais aucunement sur leur comportement ou d'autres aspects de survivance de l'espèce», a précisé le député néo-démocrate Guy Caron.

Les conservateurs n'ont pas voulu commenter le déroulement de la rencontre, invoquant le huis clos.

Le président du comité des Pêches, le conservateur Rodney Weston, a toutefois déclaré qu'il était normal que la réunion se déroule en privé, pour que les députés «aient une franche discussion».

Lundi, en Chambre, la ministre des Pêches, Gail Shea, a déclaré que les travaux ne sont autorisés que s'ils sont sûrs pour les citoyens et l'environnement.

«Toute l'information scientifique reliée à la revue de ces travaux a été mise en ligne. Je trouve difficile de comprendre pourquoi le NPD court partout pour requérir une rencontre d'urgence pour demander de l'information qui peut être trouvée avec une simple recherche sur Google», a-t-elle répondu.

Mais selon le NPD, tout ce qui a été mis en ligne est cette étude d'à peine deux pages. Après vérification sur le site web de Pêches et Océans, cette étude n'était même pas disponible.

Pour le député du NPD François Lapointe, qui représente la circonscription de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, le secret qui entoure le processus ne fait qu'augmenter l'inquiétude des citoyens du Bas-St-Laurent. Il dit recevoir plusieurs courriels chaque jour de gens inquiets.

Selon lui, les forages vont durer entre 70 et 90 jours. Et les bélugas, qui dépendent beaucoup de leur ouïe, pourraient être affectés si leur environnement est trop bruyant. Les bébés pourraient avoir de la difficulté à retrouver leur mère dans le fleuve ou à se procurer de la nourriture, fait-il valoir.

Pendant ce temps, des groupes environnementaux - notamment le Centre québécois du droit de l'environnement, la Fondation David Suzuki et Nature Québec - vont présenter une seconde demande d'injonction, mercredi au palais de Justice de Montréal, pour qu'un juge ordonne l'arrêt des forages.