L'exploitation rapide des ressources naturelles fait peser une menace vitale sur les grands singes en Afrique et en Asie, ont alerté des experts mercredi à l'occasion d'une conférence de l'ONU sur l'environnement.

L'extraction des ressources naturelles - notamment bois, minerais, pétrole et gaz - et le développement des infrastructures y dévastent l'habitat des grands singes et menacent d'extinction chimpanzés, gorilles, bonobos, orangs-outans et gibbons, ont affirmé des spécialistes à l'occasion de la première Assemblée des Nations unies pour l'environnement qui se tient jusqu'à vendredi à Nairobi.

«Les industries extractives ont eu un grave impact sur les singes et leur habitat», a déclaré Helga Rainer, conservatrice en chef du programme consacré aux grands singes par la Fondation Arcus, une importante institution privée dédiée à la défense des primates.

«Seules cinq des 27 zones (d'habitat naturel) des grands singes n'ont pas de projet minier dans leur périmètre (...) sans compter l'impact indirect lié au développement des infrastructures comme les routes et le chemin de fer», a-t-elle expliqué.

Alors que l'effet négatif du développement économique sur la survie des grands singes a été reconnu depuis des décennies, il est temps, selon les chercheurs, d'agir pour intégrer la défense de ces espèces dans des politiques sociales, économiques et environnementales, afin de garantir que le développement ne se fait pas aux dépens de la biodiversité.

«Il nous faut développer des dispositifs de sauvegarde et des politiques environnementales qui puissent répondre concrètement à ces questions», a souligné Jef Dupain, directeur de l'Initiative pour les grands singes d'Afrique au sein de la Fondation africaine pour la défense de la nature, basée dans la capitale kényane.

Si le rythme actuel n'est pas ralenti, d'ici à 2030 le développement humain aura touché 90 % de l'habitat naturel des grands singes en Afrique et 99 % en Asie, selon un rapport intitulé «Industries extractives et préservation des grands singes» publié par une ONG de défense des grands singes.

Toutes les espèces de primates sont menacées, d'après l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).

Les gorilles de Cross River n'excéderaient pas 250 au Cameroun et au Nigeria, et il ne resterait plus qu'environ 880 gorilles des montagnes à travers l'Ouganda, le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), selon les estimations.

En Asie, le nombre d'orangs-outans de Sumatra aurait chuté de 50 % depuis 1992, et la population entière de gibbons noirs d'Hainan, en Chine, ne compte que 21 individus.

«La mondialisation rapide continuera d'exercer une pression intense sur les ressources naturelles et l'habitat des singes», selon le rapport.