En dépit d'une légère réduction du nombre d'éléphants tués chaque année par des braconniers pour récupérer l'ivoire des défenses, la survie en Afrique du plus gros mammifère terrestre est toujours menacée, selon la CITES, une organisation internationale s'occupant de la protection des espèces en danger.

«Pour la 3e année consécutive, nous avons plus de 20 000 cas de braconnage (en Afrique) par an, c'est un nombre dangereusement élevé», a déclaré devant la presse vendredi John Scanlon, directeur général de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction), basée à Genève et liée à l'ONU.

En 2011, année la plus alarmante, il y a eu 25 000 éléphants braconnés sur le continent. En 2012, ce nombre a reculé à 22 000 et, en 2013, il était supérieur à 20 000 selon la CITES.

«Bien que la tendance à une augmentation du braconnage se stabilise, la situation reste à un niveau alarmant. Les effets du braconnage sont largement supérieurs à la croissance naturelle de la population des éléphants», a ajouté M. Scanlon.

Au début du XXe siècle, il y avait 20 millions d'éléphants en Afrique. Leur nombre est tombé à 1,2 million en 1980 et tourne autour de 500 000 actuellement, bien que le commerce d'ivoire ait été interdit en 1989, selon la CITES.

L'Afrique du Sud abrite la part la plus importante de la population actuelle des éléphants du continent, soit 55 % des animaux répertoriés en Afrique.

Près de 28 % d'entre eux vivent en Afrique de l'Est et 16 % en Afrique centrale. En Afrique de l'Ouest, il ne reste plus que 2 % des éléphants africains.

Plusieurs facteurs expliquent les activités de braconnage qui déciment l'espèce : la pauvreté, l'absence de surveillance efficace, la corruption et la forte demande d'ivoire de la part des pays consommateurs, au premier rang desquels figure la Chine, a indiqué pour sa part Tom de Meulenaer, expert de la CITES.

Selon un rapport publié vendredi par la CITES, la chasse aux contrebandiers d'ivoire a été pour la première fois plus fructueuse en Afrique qu'en Asie en 2013, grâce aux efforts déployés par certains pays africains.

Depuis mars 2013, davantage de grosses prises ont été faites en Afrique qu'en Asie. Selon le rapport de la CITES, 80 % des saisies en Afrique ont été faites dans trois pays, Kenya, Tanzanie et Ouganda.

Le braconnage s'intensifie en Centrafrique

Le rapport identifie les sites sur lesquels le braconnage s'intensifie, comme la République centrafricaine, un pays largement livré à l'anarchie, et où il est en baisse, comme au Tchad.

La CITES a précisé qu'elle ne peut surveiller que 30 à 40 % de la population d'éléphants.

«Jusque là, les grosses cargaisons arrivaient à quitter l'Afrique avant d'être détectées», a déclaré Ben Janse van Rensburg, chef de l'appui à la lutte contre la fraude à la CITES.

«À présent, elles sont détectées en Afrique, ce qui est la preuve que ces pays ont commencé à mettre en oeuvre des mesures pour combattre ce commerce illégal», a-t-il relevé.

L'ivoire est un trafic très lucratif pour les braconniers, qui est alimenté par la demande des pays asiatiques, en augmentation. L'ivoire est utilisé dans la médecine traditionnelle et dans la fabrication d'objets décoratifs.

Sur le marché noir, un kilo d'ivoire se vend environ 1500 $ en Asie, où la corne de rhinocéros, aux pseudo vertus thérapeutiques et aphrodisiaques est aussi très recherchée et se négocie à plus de 80 000 $).

En Asie, il y a des pays de braconnage et de transit du trafic d'ivoire : Malaisie, Philippines, Thaïlande, Vietnam, selon le rapport qui ne fournit aucun chiffre sur le braconnage des éléphants d'Asie.

L'éléphant d'Afrique est inscrit sur la liste des espèces menacées de la CITES. Sa population actuelle est estimée à environ 472 000 individus, menacés à la fois par le braconnage et la destruction de leur habitat naturel.

Selon Ben Janse van Rensburg, «il y a toujours plus d'animaux tués que d'animaux qui naissent, par conséquent, même si on arrive à stabiliser le nombre d'animaux braconnés, on assiste à une diminution de la population d'éléphants».