Le bilan des récents empoisonnements d'éléphants par des braconniers au Zimbabwe pourrait dépasser les 300 pachydermes tués, soit beaucoup plus que les premières estimations, selon un chiffre donné lundi à l'AFP par l'ONG Zimbabwe Conservation Task Force (ZCTF).

Les éléphants ont été empoisonnés au cyanure, et leurs défenses prélevées. De nombreux autres animaux, essentiellement des carnivores, ont été des victimes collatérales du massacre : des lions, des vautours, des lycaons et des hyènes ont péri après avoir mangé sur les carcasses des éléphants.

«En juillet, environ 300 éléphants sont morts d'empoisonnement au cyanure à Hwange», le plus grand et le plus célèbre des parcs du Zimbabwe, a indiqué à l'AFP Johnny Rodrigues, le président de ZCTF, «ils ont été découverts par un groupe de chasseurs qui survolaient la zone».

«Les autorités n'ont commencé à intervenir qu'en septembre, et le nombre de tués avait déjà fortement augmenté. La semaine dernière, on en était à 325 éléphants tués au total», a ajouté M. Rodrigues.

La semaine dernière, l'administration des parcs nationaux avait fait état d'une centaine d'éléphants empoisonnés. Quatre braconniers ont déjà été condamnés à des peines d'au moins 15 ans de prison pour ce crime.

Aucun porte-parole officiel n'était disponible lundi pour confirmer le chiffre de 325 éléphants tués donné par ZCTF.

Selon le président de cette ONG, les autorités minimisent sciemment les pertes : «On cache beaucoup de choses», a-t-il affirmé à l'AFP, «ceux qui ont été arrêtés et condamnés sont du menu fretin sacrifié par les gros et dangereux poissons, qui eux restent intouchables. Il y a parmi eux des hommes politiques et des hommes d'affaires importants», dit-il.

La police a ordonné aux villageois de la région de remettre aux autorités tout stock de cyanure d'ici à la fin du mois, sous peine d'arrestation.

Mais certains chefs traditionnels des villages en bordure du parc ont demandé aux autorités de faire preuve de clémence envers les braconniers condamnés, affirmant que la pauvreté les avait poussés, et non l'appât avide du gain.

On estime à 120 000 le nombre d'éléphants vivant dans les parcs du Zimbabwe.

Alors que l'Afrique australe a été relativement épargnée par le braconnage des éléphants jusqu'à maintenant, l'Afrique centrale et de l'Est subit un véritable massacre, avec 25 000 éléphants abattus en 2012.

L'ivoire récolté et exporté clandestinement est essentiellement destiné aux marchés asiatiques, et notamment chinois. Les défenses finissent comme objet d'ornement ou de sculptures d'objets d'art.