C'est l'histoire de deux pays africains. L'un, la Namibie, a vu ses pêcheries s'effondrer de manière probablement irréversible. Là où il y avait abondance de sardines et d'autres espèces de poissons, il y a aujourd'hui un océan de méduses.

L'autre, l'Afrique du Sud, gère étroitement ses quotas de pêche et intervient dès que la productivité de l'océan semble faiblir. Et aujourd'hui les pêcheries sud-africaines se portent bien.

Cette histoire doit servir d'avertissement au monde entier, dit Philippe Cury, grand spécialiste mondial de l'écologie et des pêcheries. M. Cury était conférencier au colloque de Québec-Océan hier.

«On est incapables de dire si la sardine va revenir en Namibie et si les méduses vont partir, a-t-il dit. Les chutes des stocks de poisson sont réversibles si on évite l'effondrement des espèces et les changements de régime [comme celui-là].»

La sardine de Namibie est loin d'être le seul stock de poisson effondré ou en déclin. On connaît bien le sort de la morue atlantique. En fait, 30% des stocks de poisson sont surexploités et 57 % sont exploités à plein rendement. Les tendances nous conduisent à l'effondrement total de tous les stocks de poisson d'ici 2050.

Même si les défis pour rétablir et maintenir ces stocks sont nombreux, c'est loin d'être impossible, assure M. Cury. «En tout cas, c'est un problème moins complexe que les changements climatiques», dit-il.

Il affirme qu'il y a un mouvement mondial vers une gestion «écosystémique» des pêcheries, qui tient compte des capacités productives de la mer et des dynamiques entre les espèces.

Ce mouvement devient efficace lorsque le public est informé et mobilisé, dit-il, en citant l'exemple des interventions en Europe pour la conservation du thon rouge en Méditerranée.

Climat: Une pompe en panne?

On l'ignorait, mais la banquise est un élément crucial de la «pompe de carbone» qui fait que les océans absorbent les gaz à effet de serre. Mais cette pompe pourrait s'enrayer, selon les plus récentes recherches de Soren Rysgaard, titulaire de la Chaire d'excellence en recherche du Canada sur la géomicrobiologie arctique et le changement climatique, à l'Université du Manitoba.

C'est grâce aux recherches de M. Rysgaard, réalisées au mépris de nombreux dangers, qu'on a pu comprendre au cours des dernières années la façon dont la banquise capture le carbone dans l'air. «Quand la glace se forme, elle éjecte de la saumure et cette saumure entraîne avec elle le carbone vers le fond de l'océan», a-t-il expliqué en conférence hier.

L'ampleur de ce mécanisme était tout à fait insoupçonnée. M. Rysgaard croit qu'il pourrait représenter au moins 17 % et peut-être jusqu'à 42 % de tout le carbone absorbé par les océans.

La question maintenant est de savoir comment se comportera cette «pompe» si la banquise arctique disparaît complètement l'été, comme on le prévoit maintenant pour l'horizon 2030. «Je ne le sais pas, a répondu M. Rysgaard. On manque de données sur l'Arctique. Dépêchons-nous d'y aller avant que la glace ne fonde!»