Les bonnes nouvelles environnementales ne pleuvent pas, en voici une: en moins d'un an, une deuxième espèce de baleines présente au Canada a été retirée des listes d'espèces menacées.

En août 2008, la baleine à bosse, jusque-là considérée comme «vulnérable» est devenue une «préoccupation mineure» selon la réputée Liste rouge des espèces menacées de l'Union mondiale pour la conservation de la nature.

 

Cette semaine, c'est au tour de la baleine boréale d'être considérée en voie de rétablissement dans l'Arctique canadien selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).

Chassées depuis les années 1500, les populations de baleines boréales étaient déjà sérieusement décimées quand elles ont commencé à jouir d'une protection, dans les années 30. «La taille des populations de baleines boréales a augmenté de façon constante au cours des dernières décennies», selon le COSEPAC, qui estime à environ 6000 le nombre actuel de baleines boréales.

Même si la baleine boréale n'est plus une espèce menacée, le COSEPAC ne crie pas victoire, ne sachant pas quel sera l'effet du réchauffement climatique sur elle.

Tout de même, ces bonnes nouvelles augurent-elles quelque chose de bon pour les baleines d'ici? Il y a loin de l'Arctique au Saint-Laurent et les niveaux de pollution font toute la différence, comme l'observe Véronique de la Chenelière, biologiste au sein du Groupe de recherche et d'éducation sur les mammifères marins.

«Dans le Saint-Laurent, certaines baleines se portent assez bien, d'autres, pas du tout. Le rorqual à bosse et le petit rorqual, ça va, le sort du rorqual commun et du marsouin commun demeure préoccupant tandis que le béluga est encore menacé.»

Il reste que les décomptes de baleines sont toujours l'objet de controverses, relève Lyne Morissette, chercheuse en fonctionnement des écosystèmes de l'Institut des sciences de la mer de Rimouski.

«De façon localisée, pour Tadoussac ou Mingan, on a des chiffres très précis des populations, mais pour ce qui est de tout le golfe Saint-Laurent, il faut se contenter d'extrapolation, dit Mme Morissette. Les derniers recensements aériens datent de plusieurs années.»

Outre les rorquals à bosse - qui sont 11 000 à partir à Porto Rico l'hiver -, «on ne sait pas du tout où les autres se reproduisent et on en sait encore très peu sur le régime alimentaire de chacun». Bref, les connaissances sur le sujet restent limitées.

Si l'on se demande depuis longtemps si le phoque n'est pas en cause dans les diminutions du nombre de poissons, voilà que certains experts commencent aussi à se poser les mêmes questions par rapport aux baleines, note aussi Mme Morissette, qui ne serait pas favorable pour autant à une réouverture de la chasse.

S'il n'y a plus de chasse à la baleine dans le Saint-Laurent depuis 1950, au Nunavut, où l'on peut chasser deux baleines boréales par année, Pêches et Océans a avancé en février que jusqu'à 18 de ces baleines pourraient être chassées annuellement.