Le Nouveau Parti démocratique (NPD) demande à Ottawa d'intervenir pour stopper le projet de terminal maritime à Cacouna - une démarche «démagogique» aux yeux du gouvernement.

La formation politique a profité de l'une de ses journées d'opposition, jeudi, pour mettre de l'avant une motion à ce sujet et en débattre à la Chambre des communes.

Le porte-parole adjoint en matière d'environnement, François Choquette, a soutenu en point de presse que ce terminal perturberait grandement le milieu naturel des bélugas du fleuve Saint-Laurent.

Ottawa pourrait intervenir de diverses façons pour mettre fin au projet, notamment en invoquant le respect de la loi fédérale sur la protection des espèces qui sont en danger, comme les bélugas, a illustré le député de Drummond.

Les scientifiques ne savent pas exactement combien de bélugas vivent dans l'estuaire du Saint-Laurent, mais la population a été estimée à 889 en 2012, selon un récent rapport de Pêches et Océans Canada.

«Le gouvernement fédéral a beaucoup de responsabilités dans ce secteur-là, autant en ce qui concerne le projet du pipeline, autant l'évaluation environnementale, mais aussi en ce qui concerne la Loi sur les espèces en péril», a-t-il fait valoir.

Car si Ottawa estime que Québec échoue à sa responsabilité de protéger ses espèces menacées, il peut et doit entrer en scène, a soutenu aux Communes la porte-parole néo-démocrate en matière d'environnement, Megan Leslie.

Surtout que le fédéral n'est pas blanc comme neige dans ce dossier, a tenu à faire remarquer lors du même débat Stéphane Dion, qui talonne le gouvernement dans ce dossier depuis quelques semaines pour le Parti libéral.

Le député reproche à Pêches et Océans Canada de n'avoir pas fourni au ministère québécois de l'Environnement les avis scientifiques requis, comme l'a conclu la Cour supérieure du Québec dans une injonction qui a eu pour effet d'interrompre les travaux de forage exploratoire jusqu'au 15 octobre.

«Est-ce qu'on peut parler d'une bonne façon de pratiquer le fédéralisme de ne pas travailler avec ses partenaires? De savoir si ce que nous ferons nuira ou pas à l'environnement et l'économie?», a lancé en Chambre M. Dion.

À la mi-septembre, à la demande du NPD, un comité parlementaire sur les pêches s'était réuni à Ottawa au sujet des forages, mais le tout s'était déroulé derrière des portes closes.

«Ça montre justement comment on manque de transparence du côté des conservateurs, comment on essaie de museler les scientifiques», a exposé François Choquette.

Le projet de terminal est d'autant moins pertinent qu'il servirait essentiellement à l'exportation de pétrole issu des sables bitumineux albertains, a fait remarquer Megan Leslie en point de presse.

«Exporter du pétrole brut ne crée pas d'emplois au Canada. Cela ne fait qu'exporter des emplois potentiels», a affirmé Mme Leslie.

Le gouvernement a vertement critiqué la démarche néo-démocrate, jeudi, assurant «qu'aucun projet ne sera approuvé s'il n'est pas jugé sécuritaire pour l'environnement et les Canadiens».

Les forages exploratoires sont faits par l'entreprise albertaine TransCanada, qui souhaite construire un port pétrolier au Bas-Saint-Laurent dans le cadre de son projet d'oléoduc Énergie Est.

«TransCanada n'a pas encore déposé de projet de terminal à Cacouna. Si un projet est déposé, il sera rigoureusement analysé par les scientifiques et experts d'organismes fédéraux tels que l'Agence canadienne d'inspection environnementale et Pêches et Océans Canada», a déclaré la ministre des Pêches et Océans, Gail Shea.

«Cette motion démagogique reflète parfaitement l'idéologie anti-développement du NPD», a poursuivi la ministre dans une communication écrite transmise par sa directrice des communications, Sophie Doucet.

Le vote sur la motion du NPD doit se tenir le 20 octobre. D'ici là, les forages exploratoires pourraient avoir repris.

Nature Québec a lancé une campagne pour inciter les Canadiens et la communauté internationale à se mobiliser contre le projet de construction d'un port pétrolier à Cacouna.

«On trouve que c'est un crime contre la biodiversité, ce qui arrive aux bélugas du Saint-Laurent, et ça appartient à tout le monde, ce patrimoine naturel», a exposé le directeur général de Nature Québec, Christian Simard.

Et selon lui, les deux ordres de gouvernement sont à pointer du doigt - le Québec a lui aussi une loi sur les espèces menacées et vulnérables, a fait remarquer l'environnementaliste.

«Ils réussissent toujours à contourner l'esprit de leur loi. On a une espèce menacée, le béluga, qui est protégée par deux lois, mais on fait quand même des travaux en plein milieu de son habitat critique et on songe à faire un port pétrolier», a-t-il dénoncé en entrevue téléphonique.

Une manifestation doit avoir lieu samedi à Cacouna pour s'opposer au projet de terminal maritime, selon M. Simard.