Des documents fédéraux reprennent des préoccupations exprimées antérieurement et qui pourraient envoyer le plus grand parc national du Canada sur une liste des sites du patrimoine mondial en péril.

Une évaluation environnementale fournie à l'UNESCO prévient que l'exploitation des sables bitumineux, les changements climatiques et le développement hydroélectrique modifient fondamentalement l'environnement du parc national Wood Buffalo, dans le nord de l'Alberta.

Le sommaire du rapport laisse entendre que les choses empirent dans le delta des rivières de la Paix et Athabasca.

Le parc Wood Buffalo couvre près de 45 000 kilomètres carrés de prairies, de terres humides et de voies navigables - l'un des plus grands deltas intérieurs du monde. Des milliards d'oiseaux migrateurs provenant de quatre voies de migration continentales y convergent pour se reproduire.

C'est le seul site de reproduction au monde pour les grues blanches en voie de disparition, et le parc abrite le plus grand troupeau de bisons des bois en liberté. Les Premières Nations dépendent de la région depuis des générations pour leur subsistance culturelle et physique.

Il est devenu un site du patrimoine mondial en 1983. Mais en 2014, la Première Nation crie Mikisew a déposé auprès de l'UNESCO une plainte prévenant que les valeurs environnementales de Wood Buffalo étaient dégradées.

L'UNESCO a enquêté en 2016, et l'année dernière a prévenu que le parc pourrait être ajouté à sa liste de sites menacés. L'agence onusienne a publié un rapport contenant 17 recommandations et a donné au Canada jusqu'à cette année pour expliquer comment il intensifierait les efforts de conservation.

Le Canada et l'Alberta ont tous deux déposé des soumissions aux réunions de l'UNESCO qui se tiennent cette semaine à Bahreïn.

Bien qu'une évaluation complète des menaces pesant sur le parc ait été fournie à l'UNESCO, une copie du document n'était pas immédiatement disponible. Environnement Canada a affiché le résumé sur son site Web.

Il met en garde contre la baisse de la quantité et de la qualité de l'eau.

« Les débits de la rivière de la Paix sont devenus moins variables en raison de sa régularisation et des changements climatiques (antérieurs), qui ont fait diminuer le débit en été et augmenter celui-ci en hiver, peut-on lire dans le rapport. Les débits saisonniers de la rivière Athabasca ont baissé dans les 50 dernières années en raison de la combinaison d'une hausse des prélèvements d'eau et des changements climatiques (antérieurs). »

Les autochtones ne boivent plus l'eau des rivières ou des lacs, poursuit le rapport. Des poissons déformés apparaissent dans les filets. Des niveaux élevés de mercure ont été trouvés dans les oeufs de poisson et d'oiseau.

Le rapport ajoute que le développement hydroélectrique, les sables bitumineux, les installations de pâtes et papiers, les mines industrielles, la foresterie et le développement municipal sont susceptibles d'affecter le parc à l'avenir.

L'organisme de réglementation de l'énergie de l'Alberta vient d'approuver la mine de sables bitumineux Rigel de Prosper Petroleum en amont. Un projet de Teck Resources est également à l'étude.

Selon l'évaluation environnementale, certains aspects du parc sont en bonne santé. Les plaines salées et les prairies boréales sont stables, tandis que la population de grues blanches continue d'augmenter.

L'Alberta a fait des propositions aux Premières Nations de la région sur la gestion du parc.

Dans un document préliminaire obtenu par La Presse canadienne, la province leur offre un rôle de cogestion dans les nouveaux parcs provinciaux qui encerclent Wood Buffalo. On promet également un rôle accru pour les connaissances traditionnelles.

L'UNESCO examinera les soumissions cette semaine lors des réunions à Bahreïn. Des représentants d'au moins deux Premières nations de l'Alberta sont là.